Muriel Cayet

Blog

Quelques dessins instantanés - Un simple trait de stylo noir... Novembre 2016

Ajouté le 11 nov. 2016

Peintre totalement, coloriste assurément,

mais depuis plus de cinquante ans, j'aime noircir les cahiers de ces dessins rapides; un bonheur !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

 

Quelques dessins de ce début novembre 2016

 

Muriel CAYET

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Quelques pages de l'agenda 2017

Ajouté le 7 nov. 2016

AGENDA 2017

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Mail-Art - Enveloppes A5 - Acrylique sur papier

Ajouté le 7 nov. 2016

Des mots qui voyagent de toutes leurs couleurs

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Mail-art / Enveloppes A5 - Acrylique sur papier

Ajouté le 7 nov. 2016

Diffuser des mots, des écrits, de la couleur, du rêve, de la poésie... et la peinture !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Poésie au Présent - Muriel CAYET - Novembre 2016

Ajouté le 3 nov. 2016

LE JOUR EST PRESENT

 

Où trouver la meilleure cachette en ces lignes ?

Pour oser dire que le monde est bon, que nous sommes tous liés.

Du flux du cap, à la mardelle à la croix, au muret qui souligne,

En latin de chiffres ou en langue de métiers.

 

Partir de la vie, un matin de soleil sous le cristal,

D’un ciel d’où l’on voit le bon côté des choses,

Laisser sur l’échiquier les adages, les feuilles, les timbales,

Et prendre la rue qui tourne, bâtisseuse de la dernière osmose.

 

Le travail consiste à poser les mots, limitrophes,

En une mosaïque imprimée, immobile, une pièce unique,

Trouver la lumière de la première à la dernière strophe,

Et sur l’embarcadère, signer joyeux d’un astérisque.

 

La meilleure cachette existe en nous, échos de partout,

Fenêtres sur la vie, sur l’éternité, sur ici,

On y trouve des diamants, des curiosités à cent sous,

L’art, c’est la réponse, c’est le sésame, sans encyclopédie.

 

***

VOYAGE EN TEMPS SEREIN

 

Pourquoi ne pas partir de ce ruisseau, de cette eau fraîche

Prendre la Rue de l’Image et s’arrêter au fronton,

Séjourner à l’ Hôtel des Parfums, graver à la pointe sèche,

Son amour de la vie, sa station immobile, au ponton.

 

Contempler le temps qui passe, le vrai, le serein, comme une cérémonie,

Claire comme le faisceau du phare dans la nuit,

Au loin, le bout du monde peint l’azur en bleu,

Se perdre Rue de Seine, voir scintiller la ville, un camaïeu.

 

Composer un voyage d’agrément sous un soleil nocturne,

Savourer le nectar nouveau, la perle des vieilles lunes,

Son nom brille comme la lanterne de la lagune,

La ville à portée de voix, antique conférence de fortune.

 

***

 

BAUME DE PLUIE

 

La pluie aime discuter avec les vagues,

Elle y trouve des idées, la source de son présent,

Elle lui chuchote ses idéaux de croisière, lui raconte des blagues,

Surtout hors-saison, quand le panorama s’estompe, médusant.

 

La pluie aime du ciel sa lumière blanche,

Celle qui inonde le cap et irradie les forêts,

Des lacs, des étangs, elle parle à travers les branches,

Et bâtit une architecture de gouttes longues, des galets.

 

La pluie savoure le calme, pose des onguents, des baumes de gala,

Elle joue l’instant au milieu des tournesols,

Accompagne les hirondelles, de la Rue des Carmes au grand acacia,

Et s’évanouit dans l’esprit du temps, quand le soleil monte du sol.

 

***

BOUSSOLE

 

Un bijou en forme de boussole, pour aller d’un point à un autre,

Si on passe par le point de départ, on sait toujours se repérer,

On tire au sort la lettre de son choix, une feuille de route, surtout la nôtre,

Pour contourner l’arbre en fleurs,  puis de la côte, prendre le sentier.

 

Au bord de la falaise, surtout s’il pleut,

Faire une prière à la multitude, l’âme en costume,

Garder à la main son panier de sable bleu,

Et lever le nez vers les nuages, un dialogue à la brume.

 

Faire la courte échelle pour atteindre la lune,

Dorant les épis célestes d’une villa en vermeil,

Souhaiter la protection des affluents, des lagunes,

Dompter la nuit en une nef médiévale et trouver le sommeil.

 

Un séjour prestigieux en cet être-là, quartier de l’Espérance,

Un voyage à Rome, ou à l’époque médiévale,

Rencontrer un linguiste, un luthier, un agent de la science,

Choisir d’écrire en lettres grecques, le jour de la fête immémoriale.

 

***

L’ECRIVAIN D’ARGILE
 

La place du marché joue le chant de l’alouette

Portant un rameau de croyances, brillant et doré,

C’est le printemps, elle songe à une pause, jouer des sornettes,

Elle est reconnaissante de ne pas être née avec des plumes bleues.

 

Celles que l’écrivain, dans son décor de murs peints,

Trouvera sur son lit, les yeux rêvant au cadran,

L’afflux d’élixir emplissant sa tête, brûlant ses mains,

L’été est là, la lumière est magnifique, bienheureux son talent.

 

Le plus beau livre de sa vie, il l’exposera dans la maison de bois,

Les mémoires du canal rendront son temps poétique

Au carrefour de ses jours, contre les lilas, le souvenir en croix,

Il s’épanouira à regarder ses rêves capturés, amnésique.

 

En toute saison, jusqu’à la fin, il apostrophera demain,

Il regardera d’où il vient, du sud vers l’ouest parisien,

L’horloge du marché aux fleurs sonnera en vain

L’argile dont il est fait rencontrera son destin.

 

***

 

LA PIERRE ANGULAIRE

 

Libre comme la statue gourmande du onzième

Fière de sa conquête boréale, de son épanouissement,

Au coin des toits, ménagère, animal totem,

Elle se voile les yeux de rosée, craint l’éblouissement.

 

Elle se vit au coin du feu, en reflet dansant dans les ombres,

Au loin, une plaine de passage, paisible,

Au-dessus, un quotidien de nuages blancs, en nombre,

Longtemps après viendra le repos, invisible.

 

Des pulsations sages auprès du seuil chaud

La perle rare écoute les bruits du village

Au même endroit souffle la plénitude de là-haut,

Elle rêve de frontière, de pôle, de mirage.

 

Mais la pierre angulaire ne voyage pas,

Elle tisse des liens forts, inamovibles,

Se pense colombe ou colombine, en robe d’apparat,

Ancrée à l’édifice, dôme au langage intraduisible.

***

Muriel Cayet - Novembre 2016

 

 

Quelques enveloppes peintes pour faire voyager les mots...

 

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Poésie au Présent - Muriel CAYET - Novembre 2016

Ajouté le 2 nov. 2016

 

QUESTIONS DE VIE  

 

C’est à la vie qu’on a affaire

Dans cette escapade authentique, compagnons de la réalité,

Quelle heure est-il ? demande le commanditaire

Il oublie la question et plonge dans un vase, un bouquet.

 

Avant de partir, de nous raccompagner,

Il scrute le réverbère au pied de l’église,

Près de la maison aux glycines, comment expliquer ?

Il refuse la réponse, tournant la chemise.

 

Comment expliquer qu’on se perde dans l’escalier de marbre ?

Au pied de l’horloge en ferronnerie, ou sur le seuil de la porte bleue ?

Appartient-on à la vie, comme les racines aux arbres ?

Il nie la question, arrive ce qui doit avoir lieu.

 

De la fenêtre à carreaux gris, on voit la neige tomber

La course dans les blés d’or est vieille de cent ans

A-t-on le choix ? On n’y peut rien changer ?

Il élude la question et sanctifie le présent.

 

Voilà le fond de l’histoire, gardiens de tous les bonheurs,

Le mystère à vivre naît-il dans l’oratoire ?

Une pierre levée pour prendre de la hauteur,

Il retourne la réponse, et nous laisse écrire l’histoire.

 

Muriel CAYET - Novembre 2016

 

Et pour obtenir quelques réponses, rien de mieux qu'un voyage dans le temps !

 

 

 

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Poésie au Présent - Muriel Cayet - Poèmes 2016

Ajouté le 1 nov. 2016

 

31/10/2016

 

Poèmes

LA TERRE DE SARNIA

 

L’âme humaine responsable choisit toujours sa bague,

L’attention dans sa désinvolture lui fait front

Au petit matin, l’air est toujours vif sous les vagues,

Cette poésie atypique nait de ce château en partition.

 

La rivière fête son anniversaire, terre est sienne,

Elle exprime dans une pluie d’étoiles son cours révélateur,

L’astre est jubilatoire sur les nuages, fi des pluies diluviennes,

Restituer une vérité toponyme en relief intérieur.

A l’abri des tempêtes, on pense de l’intérieur,

Toute latitude en cadeau cependant, un trait d’union,

Laissant parler son cœur, on ne peut se tromper,

Embruns justifiant la halte sous le rouge cabanon.

 

C’est le nuage du temps qui couvre la terre de Sarnia,

La limite de la zone d’ombre s’arrête au coin du sable,

Le sens réel de son heureux tempérament, un vague incarnat

A l’écart, un peu loin de tout souvenir qui accable.

 

Un été, vite emporté, latent, éternel.

 

***

 

 

 

LA PURE EXPRESSION DE L’AVENTURE

 

La pure expression de l’aventure

Est-ce partir d’un jeu de couleurs ?
Est-ce naviguer comme l’oiseau voyageur ?
Seule la rue de l’horloge ouvre toutes les serrures.

 

La pure expression de l’aventure

Est-ce séjourner au bleu de l’atoll ?
Est-ce baigner dans les herbes folles ?

L’échelle rose ne souffre d’aucune armature.

La pure expression de l’aventure

Est-ce prendre une forêt de mâts pour horizon ?
Est-ce connaître les ponts d’observation ?
Le bijou du chemin n’impose aucune imposture.

La pure expression de l’aventure

Ce n’est pas ouvrir le cœur des boussoles

Ce n’est pas considérer la puissance des auréoles.

L’antique trianon offre toues les villégiatures.

***

 

 

L’EXPLORATION POETIQUE

 

Entrer en poésie

C’est un cadeau de l’étoile polaire

Un trésor d’intentions de la galaxie

Une navigation en invention temporaire.

 

 

Entrer en poésie

C’est un bateau de corsaire, une voile sur le pont

La conception champêtre de toute académie

Le vent portant du Sud  sous les ballons.

 

Entrer en poésie

C’est voguer sur des diamants

Trouver le pôle en toute flânerie

Sobre chemin de l’éxplorateur estivant.

 

***

ENFANCES

 

Une lampe à suspendre les bougies

Une rose à la goutte endormie

Une bobine, un serpentin, un anneau de féérie

Les cartes et les dés de l’enfance en survie.

Un papillon, un poisson des ailes sans âge

Des nageoires à la maison, un bosquet dans les nuages

Le tableau souple dialogue avec les sages.

Une barquette sur le ruisseau de sable

Un dîner à la fenêtre, vue sur l’érable

L’automne a mis son costume de vénérable

Un chapeau de miracles sur le ciel véritable.

 

***

 

 

 

LE MARIN POETE

 

Jouer avec toutes choses au fil de l’eau
Voir de l’œil magique sous grand vent
Accepter les bienfaits du firmament
Connaître par cœur le langage des bateaux.

Rappeler à la belle mémoire, une heure d’été
Prédire le crépuscule à travers la campagne
Couvrir les méditations d’un équipage de pagnes
Ancrer dans le port toute ombrée chahutée.

Sourire dans le jardin haut dans le ciel
Traduire l’enchantement de la légende dorée
Créer c’est une volonté, une force, une quête zélée
Pour chanter la vie du théâtre de l’oriel.

***

 

LE ROUGE ANDRINOPLE

 

Le rouge andrinople sur le tissu écossais

La colombe au salon sous les soirs d’orage

Une tapisserie feutrée, un cachemire imparfait

Le costume du magasinier a traversé tous les âges.

 

La fibre est régulière comme un mouchoir de batiste

Le matin au soleil joue le temps de sa broderie

La fougère calibrée en pochoir de la vie

Fractale vestimentaire de l’argentier chimiste.

 

Une chose de beauté pour toute joie éternelle

La nuance la plus tendre en majesté

Le sceptre sur le champ des serments listés

La lune noire tire sa révérence maternelle.

***

LE ROMAN DU TEMPS PRESENT

 

Le temps présent sait jouer grand jeu,

A la bonne date, les premiers feuillets écrivent le roman

Célébrant le rêve en vélin crème, bienheureux,

L’expérience intérieure gravée dans la pierre, probablement.

 

Le don d’amour du libraire à son auteur,

Une valeur infinie, l’ami zélé du langage,

L’archéologie minimale de son état intérieur,

Les ombres dominantes au cœur léger,  un mirage.

 

Un autre sens signé à la plume d’une tête dorée,

Tout au long de l’ouvrage tapissé de sagesse,

Réservé à l’auteur, une métaphore de la vie, une goutte de rosée,

Assez pour entendre dans tout mot, l’or et son adresse.

 

A ce soir, au couchant de l’instant, disent les lignes

A l’école du présent, on apprend son époque,

L’esprit probable, explorateur, sait faire signe,

Fac -similé, l’air ébahissant, errant en soliloque.

***

 

 

SOLEIL

Le soleil se fit plus haut, étrillé des temps anciens

Sur le sentier de bois, les hêtres, solides terriens

Ce n’était pas un rêve, en cette lune de félicité,

Le chemin de silence vint à sa rencontre, en affinité.

 

Le vent des âmes ne se vit pas dans la volonté de s’épanouir,

Calme en conscience, il eut l’art de dire,

La maison du rivage les accueillit en juillet

En fille avisée, elle sut écouter la lumière du passé.

 

***

 

AU COIN DE LA RUE

 

Une lampe en rond au coin de la rue,

Echelle en croix, étoiles en danse, colonnes en chahut,

Etamine en serpentine, anneau en dialogue noir,

Au globe de dentelle, elle préfère le miroir.
 

Le bateau du corsaire en vagues de drapeaux violets,

Roseaux en marge à la frontière du palais,

L’ombre des palmes en fanions damassés

La serrure de la malle à jamais verrouillée.

 

La carte navigante au bosquet de la maison

La cheminée rouge en costume de maçon,

Le pré vert en jonquille, en nénuphars à la rose

Danse des étoiles sur le compartiment des osmoses.

 

Le collier de l’arbre trace la procession

Un repas de marguerites au dîner de l’union.

 

Muriel Cayet

Poésie au Présent

Novembre 2016

 

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Les poèmes de l'automne 2016 - Poésie Au Présent - Muriel Cayet

Ajouté le 26 oct. 2016

Alchimie

 

Expliquer une épreuve de vérité

C’est comme décider de fermer les jalousies

Pour que des sciences tous les secrets

Puissent s’opposer à l’ennui.



Exposer ses recherches au soleil

C’est comme vouloir interdire la réponse

Pour que les ondes dans leur sommeil

Rêvent d’or, en grammes, en onces.

 

Informer la lune de sa révolution

C’est comme vouloir avilir le grandiose

Pour que les atomes, les ions, les protons,

Cessent de jouer à l’enchanteur qui ose.

 

***

 

 

Nuit de noces

 

Un sourire dans un éventail de larmes

De celui qui suspend les dangers

Quand silencieux, fondant en son âme

Comme la lave dans la mer Egée.

 

Un visage nu maquillé de satin

Pour émerveiller le jeune ahuri

Une nuit volcanique étouffée du matin

Traces jalouses sur les chastes broderies.

 

Un regard à étonner les amours vaincues

De celui qui éloigne les regrets

La jeune femme a tué l’ingénue

Mais grince entre ses dents qu’il n’aura pas sa liberté.

 

***

 

La transparence de la brume vint interroger l’homme

Placide comme le charretier aux guides sensibles

Pour lui demander quoi ?

 

Un reflet sur une soie imaginée du matin.

Au pied de l’observatoire questionnant le ciel.

Qui lui répondit quoi ?

 

Seul le silence des nuits fera naître l’espoir d’une réponse.

***

 

 

Le poète n’utilise jamais une encre déserte

Elle souffle toujours un vent habité

De la folle passion qui tue la bluette

Sous le désir pourpre d’une nuit d’été.

 

Les songes chuchotés au pied de la fontaine

Sous les ramures du cèdre centenaire

Trop larges pour le décor, pour la mise en scène,

La toile de fond chahutant l’atmosphère.

 

Les murmures du roi et de son fils languissant

Au destin lié à un crâne, à une sphère

Sur les bords de l’Avon, sur le fleuve glissant

Gravent le sceau de leur argile amère.

 

***

 

La surface historiée

Bleue comme une crique miniature

Droite comme un phare à la fenêtre

Douce comme des grillons en costume d’alpaga.



L’oiseau vogue dans la transparence du cristal de la plage

 

L’esthétique des grands pavois

A l’exposition des voiles de lin

A la barre aux coutures d’ajoncs

Au coussin d’hiver en mousseline

 

L’oiseau vole sur les tableaux de galets.



La folie vague des couleurs

Le style des confusions aux illusions,  

De la galerie des coquelicots en caraco


L’oiseau voit naître de son nid des tissages de quartz.

 

 

 

***

A l’abri du monde

 

Cela arrive toujours à l’abri du monde

Quand les vitraux des églises

Et les ombres des hauts rochers

Annoncent dans un figuré de réalité

Que les temps sont venus

Pour les druides des archipels

D’orner de dimanches les couleurs de la ville.

 

***

 

Midi en avril

 

Midi règne sur la mer

Avril naît d’un sillage d’écume

La frontière italienne se rapproche

Dans un nuage de sable sur la Riviera.

Un rayonnement aveugle l’horizon

Une illumination comme le faisceau d’un réverbère

C’est un jour très calme

Sous le riche parfum du destin et du temps.

 

***

 

Les mots ne volent pas dans l’air immobile

Ni ne voguent au rythme salé des vagues

Ni n’ornent de soleil les lustres des châteaux

Pas même les plus jolis du monde.

 

Les mots ne parlent pas aux paysages familiers

Ni ne coulent le long des torrents

Ni ne tombent dans les abîmes sans fond

Pas même les plus profonds du monde.



Les mots ne pâlissent pas la nuit

Ni  les épais brouillards  des falaises incertaines

Ni sous les éventails des étés à l’Escurial

Pas même les plus mystérieux du monde.

 

Les mots ne tombent pas verticaux

Ni sous les cascades, ni par-dessus les océans

Ni des clochers, ni des ponts, ni des hôtels

Pas même pour se taire.

 

                                                                              ***

 

 

Des grains bleus roulés par les vagues

Des forêts de mâts, des tissages de haubans

Un rayonnement de flots calmes

Règnent immobiles en matinée.

 

Où est le poète ?

Demandent les fleurs silencieuses.

Il récompense la vie

Répondent en chœur Harmonie et Fantaisie.


Peut-il se jouer de toutes choses ?

Au fil de l’eau, sous le grand vent

L’œil magique n’y voit que merveilles

Et se régale de bienfaits.

La mer est belle vue du rivage…

 

***

 

La mémoire a ses jardins

Des îles, un horizon, des soirs bleutés

Au jour tombé, elle se replie, elle se couche

Sur les rivages d’un oubli programmé.

 

Et d’autres soirs

Cherchent la clé d’un sommeil sans lune

Regardent dans les yeux le gel face au soleil

Creusent le silence sur les terres polies.

 

Des quatre coins de la Terre

Les vents passent sur les abris

Courent les rues, les campagnes, les demeures

Quand tombent les étoiles de la nuit.

 

                                                                              ***

Ah ! La belle mémoire

Qui résonne à l’heure proche du crépuscule

A travers les campagnes

D’une lointaine méditation

Un équipage de chuchotements.

 

Ah ! Quand le jour se lève tard

Quand ancré dans le port

Sur le bon sable, à l’ombre des voiles

L’apparence du soleil

La force étoilée de la nuit.

 

Ah ! L’enchantement des sentiers de la mer

Tradition en Cornouailles, les contes mystérieux

Une façon de faire venir le vent

Une légende dorée.

La mythologie des gens des côtes.

 

***

Au pays des chemins sur la mer

La tradition est celle de l’enchantement

Faire fi de l’apparence du soleil

Pour les gens des côtes,

La nuance est capitale.

 

Le zéphyr et ses légendes dorées

Ne soufflent pas en pays de Cornouailles

Mais ils savent comme personne

Faire venir le vent.

 

En dehors des mers

Et des histoires de vent debout

Sous la face étoilée de la nuit

La vie est ce conte venu tout droit de la mythologie.

 

 

***

Comment s’entendre sous les gouttes

D’un concert, des embardées, des courants, des marées, de sons d’or.

Savoir que l’harmonie joue sa vie sur tapis rouge ou vert

Quand face au violon cherche à s’imposer le cor.

Sonne, résonner ou mugir, frapper, vrombir, ou pleurer.

Les cordes blanches, les cuivres noirs se moquant des marteaux

Guerre fratricide d’outils sonores ensorcelés.

 

***

 

Proche de tout pour se rapprocher de soi

Intemporelle proximité des lieux

Survivance des pierres

La vie est un vagabondage disponible, une promenade éperdue, des souvenirs survivants,

D’histoire accessible.

Partout chez soi, amusée et proche de la vie, de sa proximité.

***

 

Le rivage pour toute barque

Le sable bleu pour accueillir la lumière

Un repos avis assis sur la plage

Le spectacle d’un voyage

Libre comme le verbe du renouveau.

***

 

 

Chanson de la lumière


Il n’y a pas de meilleure lumière

Que les grains d’or roulés par les flots

Illuminant en sourdine, les fleurs silencieuses.

Il n’y a pas de meilleure lumière

Comme une récompense de la vie

Que l’argent des haubans dans leur forêt de mâts.

 

Il n’y a pas de meilleure lumière

Que cette riante matinée

Vagabondant la fantaisie.

 

Il n’y a pas de meilleure lumière

Que le couchant de la rive

Emerveillant les ruisselets.

Il n’y a pas de meilleure lumière

Grains d’or, haubans, matin riant et horizon du couchant.

En une puissante harmonie sans hier.

 ***

 

Un après-midi au début d’août

L’élan était donné, nul doute

Dans l’édifice circulaire, scène rêvée

Bonheur du jour, panorama tamisé.

Les feux de la rampe en totems de ciel

De belles fleurs roses, une galerie exceptionnelle

Un décor de ville absente, danoise on dirait

Un théâtre d’observatoire, définition de son palais.

Un après-midi au début d’août

Sous le globe, on donnait Hamlet, no doubt

En arrière-plan les images aquatiques

Le rêve n’est bon que s’il est emblématique.

***

 

Une fois la question lancée

Dans un mouvement d’automate cadencé

Elle ose ses appels au vent

Le nez au ciel sous les étoiles, tombant.
 


Le froissement de l’eau dans le courant d’air

Une tension extrême sous les vagues cavalières

Oubliée l’odeur des salles de jeux, de Deauville, les rues

Grader des fêtes foraines, un simple souvenir diffus.

 

Une fois la question lancée

A quoi bon pourquoi faire ? Où aller ?

Elle prit la route du vieux marché

Celui des temps calmes et des souvenirs dorés.

La même demeure, l’écurie, le moulin multicolore

Elle choisit cet ici, désormais, loin des ors

Brest et son arsenal le Faou et sa citronnelle

Pour jouer le seul rôle magique : la vie d’elle…

***

 

C’est très gentil de votre part

D’avoir placé l’échelle

Au bord de la falaise, en rempart

Aube levante sur la crête des ailes.

 

Les tambours menaient un train d’enfer

Sous les  vents des confins

La sagesse, silencieuse, des écossais de fer

Gouttes de sang d’or sur l’empreinte des mains.

 

Le clapotis des vagues comme des fragments d’étoffes

Plaids déchiquetés tambours massacrés

Le criquet écrit le secret de la vie, en voix off

Scène finale sous le grand acacia du pré.

 

***

 

Le secret de Tristan

N’est certes pas le plus joli du monde

Il se cache sous des éventails menaçants

Et dans les confins d’une antique mappemonde.

 

L’air immobile quand la lumière pâlit

Lui rappelle les lustres du château
 

Au rythme de chaque vague, petit à petit,

Renvient sonner le drame de la Saint-Bruno.

 

L’eau tombait verticale, en torrent de la caverne

Au loin, les clochers de Saint Genestre

L’hôtel de l’Escurial, des falaises incertaines
C’est ici que je dois être.

 

Le secret de Tristian

Est terré dans ses paysages familiers

Par-dessus un océan si calme, demain ou dans dix ans.

Il le jettera avec lui, dans les flots, à tout jamais.

***

Jours d’Ouessant sous le patronage de la Duchesse Anne,
Rochers en rubans, saisons en meublés

Porcelaine de brume, écheveaux diaphanes

Le Menez-Hom comme phare de nos jeunes années.
 


Un chaviré de matériaux composites dans les vagues

Arles en matinées, le Finistère, l’été

Un métier à tisser, l’alpaga ou les vagues

Géographie d’intérieurs, canevas de décor mouillé.

 

La distraction des années folles, un échantillon frivole et suranné,

Le moelleux des revues, leur confort cramoisi,

L’arrière-pays en chemin léger, ou en flanelle assaisonnée,

Dans le tourbillon incessant de la vie.

 

 

Muriel Cayet - Poésie Au Présent - Automne 2016

 

 

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Poésie au présent- Poèmes de l'été 2016

Ajouté le 26 oct. 2016

 

Des maisons pleines de recoins

Celui tranquille de l’être

L’autre plus sourd du devenir

Soi-même

Et là-bas, tapi, dans un angle mort

Celui perdu de la désinvolture.

Des maisons pleines de recoins

Qui soutiennent à force de cocons

Qui s’ouvrent sur l’enfance

Un horizon

Qui dissimulent le secret du non-dire

Qui cachent dans les armoires quelques doux souvenirs.

Des maisons pleines de recoins

La poussière accumulée, en chemin
Souffle sur le temps un éole endormi
Qui recouvre d’un drap des amours, les confidences.

Des maisons pleines de recoins

Des escaliers aux étages menant,

Maintenant

L’ascension de ceux qui savent,

Le possible

Des fenêtres qui laissent entrer le temps

Sans mobile.

Des maisons pleines de recoins,

Demandez la préface

Préférez l’épilogue

Des fondations aux frondaisons

La tête en avant

Pendant un long moment

Se penchent, invitent, oscillent.

Qu’il est grand ce passage
Qu’elle est longue cette rue 

Qui abritent en tous points

Ces maisons pleines de recoins.

***

Encore une fois, elle avait raison

Les faits sont riches de sens, une oraison

Son intérêt pour l’autre dans le froid de leurs yeux

Laissaient débiteurs, les méchants, les envieux.

Elle avait eu raison une fois de plus,

Quand faisant crédit sans calcul, sans malice

Ils ouvraient grand leur bouche pour assouvir, leur malus,

Avant de couleur triste sort, sombre chute, le calice.

Elle avait toujours raison, c’était l’ancienne

Les ongles rognés par le travail, les années

Parfois souriante, toujours aimant, l’Emilienne,
Elle avait renoncé, jadis, à Jules, curieux fiancé.

Encore cette fois, elle avait eu raison
Quand l’autre Jean, le mauvais, le bucheron

A la chemise et à l’âme, pleines de taches, elle avait su dire non

Quand jouant l’aimé, il n’en voulait qu’à son giron.

***

 

Jamais je ne m’habituerai au printemps

Poussée des lys, ondées germinées

Terre pigmentée sous les rouges et les violets

Vanité de la nature croissant sous le vent.


Et tous ces verts peuplant jardins

Coteaux, sureaux, serments, sarments,

Et toutes ces fleurs en cascades sans tourments

Et dire que tout disparaîtra sans ma main.


Jamais je ne m’habituerai au printemps

Ca tombe bien ! Y ‘a plus de saisons !

Vivre un temps, sans escale, sans moissons,

Pour les primaveraphobes, quel repos, quel soulagement !

***

 

CA

 

Ca a débuté comme ça.

Carnaval de grimaces vénitiennes

Carcan de traditions stoïciennes

Camarades de délices italiennes.

 

Ca s’est poursuivi comme ça

Carambolage napolitain klaxon en main

Caravane détachée parquée au matin

Cardamome odorante pour un nez aquilin.

 

Ca a continué comme ça

Carmélite enfermée visitée, ma vieille tante

Caramel antédiluvien échangé, complice de Dante

Cancans not french ma que al dente !

 

Ca a commencé à m’agacer comme ça

Ca suffisait le tour des ancêtres

Carmine m’avait pris pour une sotte

Cartes routières oubliées sur la porte.

 

Ca s’est terminé comme ça

Catastrophique et joyeusement coloré

Car attrapé au vol séminaire d’aïeux

Ca chantait fort ! Sicile, je te fais mes adieux !

 

***

 

Un mot pour vous apprendre

Que le temps du silence a cessé de dormir 

Et que le ciel a quelque chose à nous dire. 


Un mot simple pour vous dire

Qu’il n’est plus temps de dormir

Et que le ciel s’en voudra de se retenir.

 

Un mot doux pour vous conquérir

Tendre cliché du ciel aux souvenirs

Sûr que demain, le cœur va en rire.

Un mot silencieux s’il vous plaît

Qu’il cancane sans bruit comme les oies du marais

Alors que le ciel sur nos têtes tombait.

 

Un mot judicieux exilé du lexique 

Qu’il choisisse la bouche qui en sera le cirque

Havre nocturne sage comme une crique

Un mot crucial pour vous soutenir

Quand les jambes vacillent comme l’empire

Croire est un acte pour se le dire.

 

***

LES MURS

 

Derrière le mur de brume

S’estompait le jour glissant 

Mystère né de la nuit.


Derrière le mur de silence

S’exclamaient les mots vrillés

Hurlement muet des registres.

 

Derrière le mur de givre

S’offrait luisante la mare

Patinage des grives gelées.

 

Derrière le mur des paroles

S’étend l’entendement tendrement

Susurrées, chuchotées, singulier chuintement.

 

Derrière le mur du soir

Sobre sursit avant l’oubli

Rêves à la nuit assujettis.

 

Derrière le mur de pluie

Perles solaires sous le joug des nuages

Gronde l’onde poinçonnée de gris. 

 

Derrière le mur de l’être

Alignement allongé de pierres nues

Vides de vie, atomes inhabités. 

 

***

 

Les gens de la rue

Lepic ou Jacob

Regards silencieux

Entroupés monotones

Déambulation, station, soumission

Caracolent en wagons sous le carbone.



Les gens de la rue

D’Issy ou d’Ivry

Impers en bannière

Cœur laissé en Bavière

Conspiration, machination, trituration

Cheminent en circuit fermé sur le bitume.

 

Les gens de la rue

De Seine ou de la Reine

Comprimés en mains

Compressés en trains

Manifestation, dépression, usurpation

Changent à Saint-Michel ou terminent à Glacière.

 

Les gens de la rue

Rivoli, Moselle ou Moskova

Mains crispées

Mâchoires serrées

Communication, manutention, attention

Sortent indemnes – ou presque – de leur rude journée.

 

 

 

***

 

 

J’aimerais vous décrire les milliers d’odeurs et de sons dont cet endroit est peuplé

Mais simplement, je vais, dans un grand répertoire et rien que pour vous, les noter

Vous pourrez quand je serais de retour de A à Z les retrouver

Et du hurlement de l’albatros au chuintement des wagonnets

Voyager en mots vivants, du clapotis des vagues habillant d’écume leur déferlement

Ressentir, entendre, composer le chemin en senteurs et balbutiements

Déambuler sous la voûte de silence pour revenir, émerveillé, au premier cri de l’enfant.

 

***

 

 

Parcourir ce pays de légendes de pierres

Tapissé d’une lande épargnée par les guerres 

Peut être tranquille, suranné ou terrible

Quand le souffle du vent rend toute peur crédible.



Arpenter les caps à l’ouest de leur mémoire

Et dans le soleil plonger corps et âme dans le miroir

De la baie statufiant les épaves oubliées

Quand le souffle du vent s’emploie à la créer.

 

S’offrir un temps sans plus jamais ni toujours

Brassées d’ajoncs, de genêts et personne alentour 

Pourquoi ne pas choisir de vivre ici dès maintenant

Quand le souffle du vent vous retient en chantant.

 

Demain se lèvera le jour nouveau sur la façade à glycine

Et les sonates des oiseaux dans l’air prendront racine

En ce pays vague de légendes amères 

Quand le souffle du vent se brisera sur la pierre.

 

***

 

Il y a des moments dans les relations entre les hommes où le ton se gausse, se hausse, où les regards se baissent, se laissent, où le calme s’enfuit jusqu’à s’évanouir. Alors, la tempête couve, les yeux s’habillent de larmes, le désespoir. Les mains se crispent ou s’agitent ; des étendards. Les paroles se dévergondent ou deviennent muettes, criardes indisciplinées, regrettant leur bravoure inconsciente ; des remords. Ah ! Si nous avions un miroir pour qu’elles se voient ces mimiques ridicules, ces bouches ouvertes outrageusement, ces rictus malsains qui dévorent la bonhomie. Ah ! Si nous pouvions entendre le silence du respect, voir le visage du calme et du circonspect, apercevoir la mise de la tendresse et de la bienveillance.  Prenez photo, miroir, écouteurs et respectez cette zone franche, paisible, où l’on passe la frontière de la gentillesse. Evoluez dans ce pays frontière où tout est simple si on le décide.
Il y a des moments dans les relations entre les hommes où tout est juste et ce pays accueillant, eh bien, c’est ici.
 

***

 

 

Un mot pour vous apprendre

Qu’en dehors du temps qui passe

Je ne vois rien à vous dire.

 

Un mot pour vous apprendre

Que dehors le temps passe

Sans jamais rien me dire.

 

Un mot pour vous apprendre

Que le temps de dehors passe

Et moi je n’ai rien à lui dire.

 

Un mot pour comprendre

Qu’en dehors du temps de dehors

Existe le temps de dedans et que lui me dit.

 

Que j’ai un mot à vous dire

Et que c’est que j’apprends du temps

Et que je comprends de lui.

 

Un mot pour vous apprendre

Que le temps m’a dit

De vous dire de ne jamais attendre.

 

Un mot pour vous dire

De toujours apprendre

De tout prendre sans attendre.

 

Un mot encore pour vous apprendre

Qu’enfin j’ai appris

Du temps qui passe dehors

Et qu’en dedans je lui dis

Vivre c’est apprendre

Apprendre c’est vivre

 

Juste un mot encore

Pour vous attendre.

 

***

 

Après quelques semaines de pluie

Pluie rose du matin des jolis teints

Pluie rouge du soir sous les embruns

Pluie verte inondée des prairies

Pluie bleue sur les vallées d’écume.

 

Nous avons pris notre parti

De cette pluie

Notre nouvelle patrie.

 

Au pays de la pluie, la petite et la grande pluie,

J’ai appris le doux, le flou, le cendré, la nuance.

J’ai compris le gris doux, le gris lumière, le gris souri-ant.
Un quotidien de rideaux de gouttes à esquiver

Un fréquent de flaques dorées Un fréquent de flaques argentées

Un océan reçu dru sur les cirés

Des douches à laver la misère.

 

Après quelques semaines de pluie,

Nous avons cru à un miracle

A l’est dégagé, nous avons vu une ombre

Jaune, encerclant les nuages.
 

C’était lui qui revenait, oui, le soleil

En équipage de beau temps.
Le regretterions-nous, le temps béni de l’eau ?
Oh ! Pas longtemps.

Chez nous, le soleil est équipé d’une minuterie.
Et en deux heures à peine,

Reviennent tapageuses et joyeuses,

De toujours nouvelles gouttes de pluie.

***

 

VENUS ICI

 

Nous sommes venus ici, tout d’abord, pour rencontrer

Celui que l’on connaît,  et que l’on pense avoir oublié

Celui que l’on appelle communément son double

Celui devant l’esprit duquel, la peur redouble.
 


Retrouver le passé de ce qui fut soi

Renaître sous le ciel dans un faux habit neuf

Troué des escapades et des professions de foi

Et pourtant, toujours nu comme un œuf.

 

Nous sommes venus ici pour rencontrer les souvenirs

De ces heures enfouies, de ces si lointains rires

Retrouvailles célestes en pays bassement celte

Où le temps s’arrête juste pour se voir finir.

 

Au bout du monde à mi-chemin de la vie 

Savoir qu’hier est au passé ce que demain est à l’ennui

Que l’enfant de jadis a péri

Que le règne de l’adulte vit en aujourd’hui.

 

Nous sommes venus ici pour rencontrer qui ?

Lui, lui, lui et encore Lui, 

Tapi, caché, cloîtré, béni, honni,

Lui avec un grand L qui fait peur aux furies.

 

Nous sommes venus tout d’abord le retrouver

A l’aube de la sérénité, à l’issue de la vanité

Quand le temps serein se conjugue au présent, 

Quand on vit enfin pour soi sans jugement.

 

Que le dernier soit puisqu’il en est ainsi

A la fin, quand le temps aura puni

Le lendemain, privé d’apparaître à nouveau, 

Pliant sous le joug des vieux os.

 

Nous serons venus ici au pays de la terre

Reprendre vie l’espace d’un instant – Temporels

Atomes devenus, séquences chromosomiques, molécules éternelles,

Nous filerons bientôt, joyeux, reconstitués,

Vers une nouvelle ère, vers une nouvelle mère.

 

***

La légère brume bleue qui recouvre la baie

Eblouit d’une gaze opaque ma vision du marais

Quand mon œil se fixe sur un oiseau, un banc de sable

Aussitôt s’évanouissent l’un et l’autre, impalpables.

 

Un homme à cheval sur la dune au galop

Puis d’un coup il s’arrête… et disparaît, englouti – Une seconde de trop

Il a compris trop tard que mouvants sont les sables,

De la baie, c’est connu, on a tous appris la fable.

 

Mais il réapparaît sur la rive,

 Beau, brun, bouclé, teint halé ; une esquive

C’est le fantôme de la marée montante

L’époux comblé de Dame Ecume, fée militante.

 

Les rêves peuvent être joyeux ou imbéciles

Ne jamais les juger nous disent-ils

Quand leur présence nous habite

Au banquet des images, nous invitent.  

 

La légère brume bleue et la baie sont endormies

Avec elles, le souvenir du conte et du cavalier chéri

C’était un rêve, un doux, un joli, un gentil

De ces rêves d’escapade qui font du bien à la vie.
 

 

***

Nous progressons à la mesure de cet espoir

Celui du rire, du jovial, du limpide, du sacré,

Celui qui fait place à la douceur des soirs

Et qui fait sortir de leurs écrins, les ors dorés.

 

Nous progressons à la mesure de cet espoir

Celui du rose, du bleu du clair et du coton

Celui qui orne les palais, du chintz, des miroirs

Et qui fait vibrer les notes pleurant des violons.

 

Nous progressons à la mesure de cet espoir,

Celui du gai, des pinsons, des merles et des colibris

Celui des mouettes, des goélands, des oiseaux noirs ou gris

Et qui fait valser les idéaux, les philosophies.

 

Nous progressons à la mesure de cet espoir

Celui de l’art, des feux joyeux, des couleurs chamarrées

Celui des tableaux, des carnets, des peintures, des grimoires

Et qui fait vivre plus fort le souffle sans fin des étés.

 

Muriel Cayet - Poésie Au Présent ( été 2016)

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