Ajouté le 28 nov. 2016
POUR ENFIN
Faute d’habitude de chercher des lueurs dans la nuit
On apprend au loin, de son ilot, les règles de navigation
D’un bateau en bois, de long en large de sa vie,
Pour enfin jeter l’ancre, le point fait sur l’horizon.
Voyez le petit nuage, crient les goélands,
Le pilote qu’ils miment, virant de bord, direction une rive sans pareille,
On tourne souvent autour de l’écorce des choses, c’est rassurant,
Pour enfin savourer l’air de la mer étincelant au soleil.
L’art de l’imaginaire se vit toujours avec cœur, au superlatif
D’un seul regard, il crée des intervalles de plénitude
Il faut demander au Capitaine Itaque, son chemin, son château d’If,
Pour enfin atteindre de bout en bout, les deux mondes, sans solitude.
Une permanence unique, celle de l’été dernier ou d’un présent distinct,
On y arrive par la mer ou par le fleuve, toujours par la vie, en séquences,
Une lumière à l’endroit de la sapience, un lexique, y aller à l’instinct,
A la clarté de la lune, rencontrer sa valeur originelle, et lui donner sa chance.
***
NE PLUS SE TAIRE
Je ne puis plus me taire, hurle la providence
Du plus haut des arbres dans un bois sans ambivalence
Un mot pour ouvrir l’univers d’un récit épique sur la chance
Pour s’éloigner de la spirale des grimoires et poser ses poids sur la balance.
Je ne puis plus me taire, crie le mot temporaire
L’ouvrage circule jusqu’au matin des temps légendaires,
La flexion pacifique des cases d’imprimerie, leur temporel itinéraire,
Pour accepter la proposition infinitive de son argumentaire.
Je ne puis plus me taire, chante le livre des légendes,
Sa voix active se transforme en or, en souffle sur la lande
Loin de son territoire, il écoute pour apprendre et relier les demandes,
Son histoire se réfugie dans les pages, ex proximo, comme une offrande.
***
LES GENS QUI SAVENT
Il y a des gens qui savent,
La traduction des sommaires
La communauté des mots
L’univers acoustique à l’imaginaire fabuleux.
Il y a des gens qui savent,
Mener une enquête remarquable
Savourez une conquête soutenue
Trouver les bienfaits du bleu azur.
Il y a des gens qui savent,
Les mondes magiques au chevet de tout homme
Délaçant les méandres intimement temporels
Une allure primitive pour gagner les sphères.
Il y a des gens qui savent,
Le chemin initiatique vers l’unité,
La réalité et l’imaginaire ne faisant qu’un
La force de vie créatrice et la valeur des temps
Et il y a ceux qui se disent « Où dois-je aller ? »
***
HORS LES MOTS
En dehors des mots symboliques, des manuscrits en majesté, du repère de la croix de l’Ouest
Sur les quatre faces de l’esprit de l’homme évoluant sans bouclier de parade, l’astre comme guide,
Par cette ancienneté, on les retrouve ailleurs, authentiques.
En dehors des mots de l’âge d’or vivant, des formules subodorées, des miroirs magiques,
Se calant sur le langage artistique commun, dans la contemplation du ciel
Par cette vivacité, ils écrivent la poésie de maintenant.
En dehors des mots de la philosophie du présent complet en considération,
Cheminant sur un sentier inconnu, l’équinoxe en émoi, l’axe captif,
Par cette équité, ils choisissent de toujours voir le jour se lever.
***
UNE NOUVELLE ILE
Le jardin silencieux marche vers une nouvelle île
Dépourvue de système d’étude et de coquillages,
Pour s’étendre en vapeur, un sourire sur la crique, futile,
L’allée du labyrinthe s’éloignant du rivage.
La lumière blanche réalise le jeu des cartes
Le cormoran s’élève au-dessus des falaises bleues
La providence joue à pile ou face les sentences de Descartes,
L’époque de nulle part, valeureuse, s’endort sur la jetée des Somptueux.
Le sommet de la montagne est toujours à la hauteur,
Quand le monde entier en saisit le fragment,
La terre en surface fait pousser des passiflores, des senteurs,
Leur secret au plus près, toujours là pour accoster dans ce nouvel espace sans jugement.
Le front de mer commence toujours par un cours d’eau, un essai
Un archipel vient le chercher et complète le phénomène,
Le phare indigo est digne de la dune et des quais,
Et contemple en intuition, l’éclat du silence d’une aurore en lanterne.
***
THEORIE
Les méthodes ne se murmurent pas sous un ciel inédit,
Elles contiennent les silences des murs de vent, le rythme lent du corail
Elles viennent nous chercher, voyageurs des nouvelles digues, passeurs des édits,
Pour y laisser des traces de la lumière, son vitrail.
Les moments essentiels ne se figent pas dans le temps comme des diamants
Ils s’envolent, tels des ballons, du samovar au ciel final,
Le pianiste jour du cylindre sur les rochers, en courant
En mode mappemonde, la terre se réserve des surprises au coin de chaque diagonale.
***
PROMENADES
Trouville en station, la maison d’été ouverte de tous les côtés
En collection d’ombres à tour de rôle, baignant dans une goutte d’eau,
Elle suit les turbulents conseils de son esprit vif pour savoir de qui on parle, de sa santé,
En route sans intermédiaire, une baie sur le donjon, les façades art déco.
Sky en roulotte, les rochers saisis des parfums de l’eau chérie,
Le spécialiste a la main verte, il connaît d’avril les pluies lentes,
Joue la mélodie de la dentelle une vitrine d’écume en draperie,
Une partition découverte dans un sac brodé , un regard andante.
Little Italy en murs jaunes et bleus, l’élixir de la terre natale jouant sa chance,
Des cerises ou des roses, un gilet de velours, dépourvu de volonté,
L’ingrédient secret en vie dans sa composition, pesant dans la balance,
Un galon de satin de Constance jouant le jeu de sa grande beauté.
Voyez ce coin de lande qui sait écouter,
C’est là que le ruban s’arrête, que le rideau se voile,
La belle vue effacée de la ville entière, un paradis pour les jouets,
On connaît la musique et du tambour, un jour, les sons se dévoilent.
***
TIRADE
Une côte sous la lune, la chapelle en tempête,
La nuit proche de la falaise dans sa droiture
L’âge en mains, le phare sur la lande, des nuages en tête
Les cailloux alignés en pièce unique, mimant d’un prince, la stature.
Des tréteaux tranquilles sortent de petites notes,
La trame de la requête d’écrits en multiples pliages
Je veux savoir dit l’acteur, la mémoire en anecdotes,
Frénésie d’Elseneur, château en élégance, éventail en camouflage.
Toutes les ressources de la mer et des pierres
Font plaisanter la raison pour faire le point
Sur la grille de fer forgé du théâtre d’hier
Les bougies allumées pour embellir les instants, des témoins.
Il est toujours temps de jouer Hamlet, sur le champ
Vous permettez, dit-il, assis sur le bureau en acajou, racontez ce que vous avez fait,
L’activité de cette journée enthousiasmante, un soupir délicat, un miroir, une mise en scène du temps,
Le meilleur de l’histoire tient dans un éclair prudent, un souffle, une tirade au sommet.
***
LA PLUIE
Un parapluie de perles de pluie en pampilles
Un ruban rouge de roses en ribambelle
Des coquelicots couronnés claquant leurs vermeilles coquilles
Une lande lumineuse délaissant la mer, plénitude précieuse comme le ciel.
L’existence est doctrine de connaissance
Sur le registre autonome de la materia prima,
Symbole de pureté, l’écrivain invente le cercle de la semence,
De nouvelles substances pour résoudre le mystère de la nuit, son organza.
Ce matin-là, la pluie offre à la lecture son article original
On fait l’éloge de moulins à vents en ailes de taffetas
Elle démontre quelque chose de digne en aval,
Fouettant le visage du portrait sur le mur, juste comme ça.
La bruine de mai a un goût rare, la douceur du satin,
Celui des conversations entre amis, dans le calme des flots naissants.
L’essence d’une goutte de rosée, la plus pure, celle du lendemain,
L’énigme philosophique court du noyau du soleil au germe des chuchotements.
***
REPERTOIRE
L’affection en mystère
Une coopération réussie
Un miroir tranquille
Intermédiaires.
Une façon d’être
Laisser sa marque
Le sens des symboles.
Enseignements.
Trouver les mots
Le sens de toute chose
Un travail extérieur
Hyperpoésie.
Un départ parfait
De tout son cœur
Une radieuse simplicité
Existences.
Des doutes qui tombent
Le but à atteindre
Vouloir recommencer.
Extrême-plan.
***
COSTUME
Une roue, un sourire, un dilemme, un chariot
Avoir conscience que l’on soulève le voile de crêpe bleu
Une assurance, un sentiment, un carnet de souvenirs jeté à l’eau
L’apparat magnifique d’un sourire heureux.
Vous ferez cela pour moi, en fiacre de cérémonie,
Jouant un rôle dans cette scène à l’aplomb du rideau rouge
Les doux velours d’un tel tableau jusqu’à ce que le cœur s’arrête, une insomnie,
Des murmures, un halo de lune dans le ciel, le pont de pierres qui sonne, qui bouge.
La quête de l’autre en costume pour dire oui
La main gantée de la toute prochaine mode
La promesse éperdue, fière, émouvante, un pari
Le café est si bon ce matin, son bouquet, l’antidote émeraude.
***
Muriel CAYET - Poésie au présent permanent - Poèmes - Novembre 2016
Quelques acryliques sur bristol 18 x 13 cm