Muriel Cayet

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Poésie Présente - Poèmes 2016

Ajouté le 26 oct. 2016

 

Le printemps s’est rapproché

De l’été

Il avait craint le pire, le gel,

De s’enneiger

Il avait su être patient,
Temporiser

Jamais emmitouflé

Rarement entristé

Le printemps s’est rapproché
De chez nous

La souffrance oubliée des arbres gelés

Le redoux

De l’automne virant au gris

Il reste l’aventurier insoumis.

 

Le printemps s’est rapproché

Un matin

En tous points semblables, sans surprise

Le malin !

Pile à l’heure sans raison

Mais avec exactitude

Le printemps s’est rapproché de toutes les solitudes.

 

***

Le voyageur de Nice

Est celui qui sait revenir

Contaminé par le germe du partir

Un journal sous le bras pour se contenir

Une valise absente pour advenir

Le nez au vent pour subvenir.

Le voyageur de Nice

Marche d’un pas de géant

Les idées bleues en vagues

Sentimental en volonté

Destinataire d’un froid qu’il sait dompter

Méditerranée ancrée en un cœur solide.
 

Le voyageur de Nice

Ne baisse jamais le rythme

Qu’importe que septembre fusionne avec l’automne

Du temps, il connaît tous les secrets.
 

***

 

UN MIROIR SUR LA CHEMINEE

Un miroir sur la cheminée

Une brume jaune sur l’horizon bleuté

Les regards s’envolent vers l’Ouest
 

Le fusain craie comme on crie vent d’Est

 

Ici commence le périple, l’odyssée

Des dimanches pluvieux sous le ciel, des nuées

Un matin sans contrainte, sans galère, matin de rêve

Pour dessiner, ravi, le cours libre du temps, ses trêves


Un salon d’enfance en hiver

Transi mais feutré

Où l’on se vit en imagination

Débridée

Où le bois crépite de mille éclats dorés

Un miroir sur la cheminée.

  

***

 

LES BALNEAIRES

 

La veille de notre arrivée

Au pays de la mer abandonnée

Bienheureux estivants aux pieds palmés

Valises encombrées et filets de pêches raccommodés.

 

Souvent pendant ces étés à Saint-Cast

En dehors des images de sables et des piqûres d’aoûtas

Tranquilles balnéaires dans le gentil fatras

Que nous laissions à Dame Maëlle, au caractère ; oh là !


Je ne dépeindrai pas les chambres de l’hôtel

D’antan, dantesques, aux destinataires éternels,

Une discipline de major pour nous les pimprenelles

Qui maîtrisions le breton et de la Bretagne, son ciel


La veille de notre arrivée

Elle avait à craindre, la marée

Les filles de Paris allaient débarquer

C’était peur sur la plage de Saint-Calais.

 

***

 

 

Le temps de l’épilogue

D’une fin qui progresse sans dialogue

Juste retour au calme, une sentence

De l’enfant à l’adulte, du germe à la semence.

Le temps de l’épilogue

Bâtit un pont entre almanach et catalogue

Erige une tour entre abime et conscience

Quand l’attitude polie étreint toute science.
 

Le temps de l’épilogue

C’est maintenant parler en monologue

Simple photographie d’un vieillard qui se défile

Quand lâche la dernière couture du tout dernier fil.

***

 

LIVRES

La liste des livres sur le carnet orangé

Livres lus, livres à lire, livres en sommeil

En position oubliée dans la grande malle d’activité

Jeu de bibliothèques sous les années qui veillent.

La liste des livres de quatrième

Quand le jour de la rentrée avait sonné

Sentir les retrouvailles, les pages que l’on sème

Quand la cloche des rendez-vous appelait.

 

La liste des livres qui demeurent

Apparence d’apprentissage ou réalité connue

Dans la mémoire jamais ne meurent

Les croquis, les cartes, les paragraphes contenus.

 

***

En novembre, je vis

Venir lentement à ma rencontre

Dans le temps de la pluie

Un rêve gris, une ombre


Que j’aimais sans savoir

Quoi ou qui,

Envie d’un temps crucial

Joyeux pour ou contre.
 

Voir d’avance disparaître le paysage

En lumière douce ou sombre

Un souvenir d’étain surgir

Et changer le temps en secret.

 

***

 

Je suis heureuse que vous aimiez Le Rouge et le Noir

Les images de l’Italie, les splendeurs, les miroirs,

Tout un passé dressé, terrible revenant

A des milliers de kilomètres, et d’années, un Julien, éconduit, renversant.

Je suis heureuse que vous aimiez Stendhal

Dans toute page, il sublime, dit le bien, soumet le mal

Au jugement des cœurs des hommes, de l’âme des femmes, loin du banal

Un livre à lire en chambre, fenêtre ouverte, sur le canal.

Je suis heureuse que vous aimiez les livres

Pas ceux de la rentrée, d’arbres meurtriers, papier ivre

Mais ceux que l’on glane sous la poussière

Et qu’on lit dans la cabane des bois, voyageur solitaire.

***

Que représente le nombre 26 ?

Une drôle de question qui vaut dix !

Dans toute la région, la réponse se faufile, elle s’immisce,

Dans les conversations, du café, des Myosotis.

 

Que représente le nombre 26 ?
La question a été taguée sur les murs, chez Alice,

Près du sanctuaire des Alyscamps, le parc de Vincent, ses iris,

Et de la nudité des rocailles, de la crudité des couleurs, sous les canisses.

Que représente le nombre 26 ?

Les marches célestes de la cathédrale de Nice ?

Le code d’un pèlerinage en pays d’Osiris 

Quand l’orme et ses essences entraînent vers le Styx, vers Isis ?

Que représente le nombre 26 ?
Juste une invitation à la soirée de Candice

L’itinéraire en quittant la nationale empruntez la D26,

Pour rejoindre la direction, de la fête à l’hotel Ibis !

***

 

Il faut que j’écrive sur le champ

Champ nourricier, cultivé, toujours à moissonner,
Champ du créateur, perpétuel ensemencé

Toute lassitude éloigner

Disparaître tout remords,

Amonceler.

 

Fragments de vivre

En douleurs incarnés

Soirées de monde à refaire

Bonheurs réguliers

Combats d’opinion assouvis

Luttes d’idées permises

Mots consignés

Demain en ici

Les heures missionnées

Quel mystère emprunté à cet acte : vivre ?
Quel sens accorder à cet état : vivant ?
Quand s’écoule du sablier le temps mouvant

Il faut que j’écrive sur le champ.

 

 

Muriel Cayet - Poésie Au Présent- 2016

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Quelques poèmes de cette année - 2016

Ajouté le 26 oct. 2016

 

DEMAIN EN SA DEMEURE

Demain en sa demeure est sourd

Oublieux de la Foire du Trône et de ses pommes d’amour

Sur le rivage aux soleils levants

Changer de strates, prendre les devants.

Demain se meut en racines

Les bulles au vent s’éloignent des capucines

Comme un puzzle savant du dix-septième 

La mosaïque du temps oublie qu’elle nous aime.

 

***

 

TOUT A COUP LA VIE SE CALME

 

Tout à coup la vie se calme, au figuré

Longtemps fait fi des ciels en coin
L’expérience du sablier en grains éthérés

Sur le tapis beige du cristallin, s’évanouit soudain.

 

Le dessin des ors, des couronnes, des écrins

Furtivement au loin, le pas d’un cheval, un matin

Chambre de bonne, draps de soie, draps de lin,

Décision et signature, aval des deux mains.

Tout à coup la vie se calme, on est marié

Plus de ciels en creux, de vers pauvres de rimes en é

Solitaires en duel, crépuscules de crêtes, calme policé

Grades du temps, lambris de poussières : le temps est âgé.
 

***

 

 

LES LAMBRIS

Des lambris de poussière à la surface

D’un crépuscule de crêtes mauves, pourpres, gelées.
Le brouillard du ciel plongeant dans les nasses

Des pêcheurs de perles, solitaires enduellés.

 

Les histoires alentour, chapiteaux grimacés

Raconter en générations, en cirques, en messages,

Des éclairs dans la crique en gammes opiacées

Voile d’éclairs, route de pierres, statues des sages.

 

Un azur traversé de soufre

En calme de palissades, aux jardins

Les grades du temps, pacifique, les cascades des gouffres

Offrent des temps silencieux aux cris des humains.

***

 

POUDRE MORDOREE  

 

 Malgré ces avertissements angéliques

Elle oublia la puissance de la poudre, mordorée

Caressant le velours du coquelicot, une supplique

Elle griffa le pourpre opium de sa peau, désertée.

Un sombre nuage souleva le ciel russe

Comme le fleuve se cabrant sous l’éclipse des heures

Elle sut n’être qu’une coquille, et rien de plus

Prouvant aux jeunes filles que seuls les murs meurent.

Malgré les années en route, en bleus, en sandales

Un diamant sur le front, un cœur en barricade,

Le joyau d’amour reste seul, juste, véritable

Quand soixante de son rythme court-circuite la chamade.

***

 

 LES IMAGES

 

Des images de ce voyage, de ponts en ports,

Des marches lourdes du palais aux cryptes glaciales,
Lissent les pierres en douces étrennes, en trésors

Quand s’étire le Moyen-âge, quand s’impose le médiéval.

Des images de ce voyage, de croix grises en beffroi
Découvrant des marchés antiques et mirifiques

Mêlant le son du cor aux messages des rois

Quand sur les murs s’oublie la moisissure, quand vibre l’esthétique.


Des images de ce voyage, de ces griseries, de ces fêtes

Tels des marcheurs en sabots, forgerons de la vie,

Lancelot de l’épée, soldats croisés, haubans et trinquette

Quand s’offre le temps palpable, du gémissement à l’agonie.
 

***

D’APRES NATURE
 

Il a peint d’après nature,

Dans la transparence de son regard bleu
Un trait liquide, un éclair d’or

Une ombre souple, un geste simple.

 

Les arbres peuvent s’envoler

Au hasard de leur feuillage

Telle la colombe vers les nuages

Telle la pirogue vers son ancrage.

 

***

 

A LA FENETRE

 

Derrière elle, à la fenêtre, telle la dame

En lamé de sirène, à la peau d’écailles,

Ophélie majestueuse, elle voyage son âme,

Repère d’un souvenir, de la solitude tissant les mailles.

Veuve sans retour, Pénélope murée en prière

Sur le jardin, elle s’offre un vert lancinant

L’horizon d’un quai visible, sans œillères

Quitter le monde d’un clignement, l’émerveillement.

Derrière elle, à la fenêtre, telle une mémoire

Dans un cri noir, elle s’efface,

Soupirs en escorte, râles en miroir,

Elle sourit à la scène, enfin, elle lui fait face.
 

***

CHOSES A FAIRE

 

J’ai mille et une choses à faire

Des images simplement en questions, renoncer

Les possibles reprises des sens, des yeux en dévers

Quand difficilement, la phrase s’échoue en camouflé.

 

J’ai mille et une choses à faire

Croitre en premier, de toute exigence,

D’un présent ensemencé à tout moment, en désert

Sortir d’un battement d’ailes, courir dans tous les sens.

J’ai mille et une choses à faire
De Janvier à Noël, de retours en départs

De l’entrée, en vie, à la source, qui erre,

Jeter tout mal hors du ni, hors des car.


J’ai mille et une choses à faire

Quand de volonté, l’heure du juste sonne

Du courant au vide, du stagnant au centenaire

Entendre en passant que les bienheureux pardonnent.

 

***

 

TOUJOURS 1920

En 1920 il fait très froid
Les étoiles ont quitté leur radeau
La grève imprime de son gris la loi
D’un crépuscule déployé en rideau. 

 

Un ocre constelle le regard du matin

L’écume sourit aux algues des romantiques

Dentelle de laminaires s’efface sous l’embrun

Quand la dune, du chêne prend la statique.

Echouée, la vague s’ancre sur la place

Et le poète sous sa plume eau-forte

De l’encre d’un bleu sourd inonde la page

Vierge, de mots, inscrire, ouvrir la porte.

 

L’horizon s’ombre sous l’orage

D’une noirceur mauve d’acier trempé

Pareil aux écailles d’une sirène, un hommage

D’une Vénus dans un ciel dépeuplé.

***

 

LES BROCARDS DORES

 

Quelques galons comme des galions

Offrant l’or dans leurs drapés

Des plis, des ombres, du velours en pompons

Quand l’artiste aux trois coups, ose son entrée.


Des panneaux composés en lumière

Des tissus moirés, aux planches colorées

Sous le ciel bleu de la verrière

Accueillent soudain les miroirs du grand foyer.

Quelques rubans dressant des paravents

De bois sec et froid, s’y reflète, lustré

La patine des heures, des registres et du temps,

Quand soufflent sur les parquets, ce drôle de parfum épicé.

 

Des brocards tissés de fleurs dorées

Aux colonnes silencieuses des miroirs,

Se murmure dans le secret des greniers

Le parfum lustré des couloirs.
 

Les boiseries désuètes se muent en escaliers

Quand les regards s’effondrent dans les rétines

Les journées s’élèvent vers le grand palais

Silence de prière et cire mélamine.

 


Chargé d’histoires et de mystères

Mythe, parabole, symbole de l’antique

Représentation des ors, des vies, des éthers,

Quand demain joue un ordre symphonique.

  ***

 

CODES POETIQUES

  

Dans une composition de codes engagés,

Née de promenades sur la Seine,

L’odyssée baroque de l’enfant. 

Retour à la maison,

Escapade dessinée sur le cahier de poésie,

En face des traces, des graphes confiés au papier ligné.

 Une palette qui va dans toutes les directions,

Accompagnée des sonnets pour un bateau,

Des quatrains pour une collection.

Une ambiance où l’esprit est tranquille,

Où une nouvelle culture s’apprend volontiers,

Venant habiter une nouvelle maison narrative.

L’activité du jeune créateur renoue avec la contemplation

Des heures présentes  comme un lien,

 Immédiatement architecte,

Magnifique panorama passionné,

Que l’on retrouve avec les mots,  notre imagination,

Expérimentale alchimie.

***

 

LE VERRE DE COULEUR

 

Des vitraux de Saint-Jean

Ne manifeste ni la présence ni l’absence

Simplement invite tout en transparence

A saisir de l’heure le simple instant.

 

Le verre de couleur que les peintres ont confié

Avec foi et ambition aux carnets, aux registres

De l’Egypte ancienne au destin planifié

A la Florence parfois amère, parfois triste

 

Le verre de couleur a fait grandir a fait peur

Détrempé en plafond, contemplé à l’usure

Les oreilles du ciel ont banni sans heurts

Un gouvernement de Saints qui croyaient au futur.

 

Le verre de couleur fait entrer en prière

Il s’arme, se plombe, se noircit, s’enlumière

En missel de cuir, en missive polychrome, en coutume

Il dit Amen, il dit j’avoue, il dit j’assume.

****

CORSAIRES

 

Un seul navire sur l’horizon

Cargo marchand voguant d’un voyage sans saison

Que lui souhaiter sinon bon vent, bonne moisson
Et également, pour sa santé, la fin de la mousson.

 

Il a fière allure les mats à l’air

Les rochers du cap cachent de lui tout mystère

 

Paraître minuscule ombre sous l’horizon clair

Et gigantesque souvenir dans le cœur des prières


Des femmes qui espèrent le retour des maris

Des campagnes de pêche à la baleine, aux soucis

Bretons embraqués contre sous verts et gris

Cueillant à loisir, écume, célébrité sous des flots d’ennuis.

  ***

 

Muriel Cayet

Poésie Présente

2016

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Invitée d'honneur du Salon d'Ousson sur Loire

Ajouté le 9 oct. 2016

Salon d'Ousson sur Loire des 8 et 9 octobre 2016

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Philosophie et démarche - 2016

Ajouté le 9 oct. 2016

 

Muriel CAYET – Artiste peintre


Peindre le rêve que l’on porte en soi et s’ouvrir l’univers tout entier

 

 

 

 

 


 Une démarche comme une profession de foi…

 

 

Ma peinture part d’un élan fondamentalement instinctif, qui petit à petit s’harmonise,  s’humanise et s’idéalise, se meut en artistique, devenant tour à tour, inventif, créatif, joyeux et rêveur. Une équation subtile qui m’entraîne vers un espace ouvert, illimité, l’univers tout entier, une forme d’idéal d’espace et de temps. Etre un artiste, c’est travailler sur l’affirmation d’une personnalité singulière, et prendre pas à pas conscience de la route que l’on doit emprunter, nourrie d’expériences sensibles, sans perdre de vue l’ici et le maintenant. Trouver son point d’ancrage, s’y amarrer solidement, avoir conscience dans chacun de ses gestes, de vivre, d’exister, cheviller ses principes au corps de toute toile et peindre pour vivre, pour être et appréhender tous les instants. Se servir de tous ses sens, de toutes ses émotions, l’œil qui guide et qui choisit, enregistre et transmet comme un allié utile. Il ouvre cette porte magique d’un monde  onirique, où le réel et l’imaginaire ne font qu’un, où tout se rejoint dans un cadre unique : celui du tableau.

Tous les outils sont précieux : les souvenirs d’une enfance qui rêvait de voyages et de marins, les premiers bords en mer, moments gravés de liberté et de communion avec les flots, des songes de large, le bleu sous la lune et toutes les tentatives  sur les cahiers d’essai, et tous ces exercices qui petit à petit rendent toutes les eaux calmes et limpides. La couleur omniprésente telle une allégorie de la vie qui dit simplement «  C’est ça, tu vis, tu y es ! ». Les couleurs le chantent, le fredonnent, le rythment, l’ondoient avec joie et clarté, et nous conduisent, joyeuses, à la salle des trésors.

Mon chemin se fait tranquillement, par étapes ; un départ puis grandir, une halte pour comprendre et réaliser, des aspirations pour accueillir les nouveautés, les expérimentations, le dessin de sa vie, le destin à dessein ; et entrer dans son estime. Tout vivre, tout faire, tout conserver comme dans une sorte de royaume des souvenirs, réunis, unifiés, les plus récents ou ceux qui surgissent de l’enfance, toujours jeunes et neufs à l’infini.


Je me suis posée un jour la question de n’être que peintre, de n’être que pour peindre, sans restriction, avec l’ouverture d’un nouvel espace, d’un autre champ, et la réponse s’est imposée. « Tu dois toujours être maître de ta vie, maître de ta destinée, complice de tes réalisations, il faut le faire vivre de ton art, de ce que l’art a donné ; vivre avec la peinture sans plus jamais réfléchir. »

Avancer sur le chemin de la vie avec souplesse et dans le seul présent comme outil de toutes les lucidités, de toutes les consciences, de toutes les résolutions ; une porte vers la libération, une porte vers la liberté. Un stylo, de quoi dessiner, de bons ustensiles à faire, pour avancer en demeurant, demeurer fidèle à ce qui est sa vie. Réussir l’alchimie entre le passé des souvenirs et l’avenir des destinations nouvelles ; faire que le « où » devienne partout et donner à chaque jour un sens à sa naissance.

Le point de départ est toujours symbolique ; symbole fixe de notre cheminement : un zeste de nostalgie créatrice, des souvenirs de jeunesse, et cette intuition d’une appartenance à une famille, à une lignée, ancestrale, celles des peintres de toujours.

L’instinct qui pousse à créer, à chercher au cœur de soi et de son âme, le vrai, le juste, le rire, l’approbation, la sérénité, pour ne faire qu’un avec soi. Une once de réalisme, celui qui bâtit, qui nous fait croître et tenir debout, non comme des statues, mais comme des coureurs de fond et de sens, à la poursuite d’une idée ou d’un idéal, du natif à l’esthétique.

L’expérience artistique, c’est vivre en conscience, celle de nos anciens, nos aïeuls, nos grands ancêtres, accepter leur présence éternelle qui nous donne des ailes pour poursuivre notre rêve d’îles lointaines et continuer leur chemin de sagesse, celui de nos aînés, de nos alliés. Pour sereinement peindre la vie, et un jour, passer le gué.

Peindre, ce n’est pas forcément à atteindre l’idéal du beau ou d’un certain beau, c’est simplement s’émouvoir de la vision d’un champ d’oliviers au couchant, du regard d’une Esther qui souffre ou qui rit, du ciel qui se joint à la mer dans un uni de bleu. C’est faire flamboyer les rouges et les ocres, les entraîner dans une course tumultueuse et turbulente, leur donner de nouveaux atours bien loin de l’uniforme. Et faire le tour du monde. Calibrer les nuances, redessiner les paysages, réaliser l’osmose en rêvant d’oisiveté et travailler comme jamais, tester et tenter dans un éternel été. Au zénith de sa vie, on connaît enfin les raisons de ses choix, quand on a fait le choix non du pourquoi, mais celui du comment. Comment réunir toutes les phases, les versants, les aspects de son existence, l’ascendance, la descendance, la présence. Plus de rêves impossibles, mais juste se souvenir du parfum de violette de Marthe, de la théorie des ensembles, de la première scène d’Ubu. De tous les sentiments qui nous emportent en dehors de nous, vers nous. Des rois que sont les poètes et les peintres, qui œuvre après œuvre, gagnent les paradis. Ouvrir les jours, s’offrir les nuits, accéder aux mythes des grands livres, des kermesses antiques, des forêts symboliques, des camaïeux de verts et des irisés de bleus. Y aller !

La sérénité, c’est vivre dans une forme de confort intime et personnel, pouvoir avancer dans sa vie avec grâce, des trouées dans le ciel. Etre simple, résoudre les inconnues de toutes les équations, et trouver sur son chemin, tous les dénominateurs communs.

Vivre le temps comme s’il n’existait pas, intemporalité des gestes et des actions. Affirmer l’appartenance, se jouer des costumes, afficher sa différence, rejeter l’uniformité, et toujours accepter d’être témoin de son temps. Une éternelle jeunesse du rire et des idées, créer ses icones, dans une vie de mémoire, de l’enfance au jour présent, une sérénité réelle et palpable, une sérénité symbolique.

Le bonheur d’être peintre, c’est de mixer les temps, d’unir les sentiments aux couleurs, de mêler les différences. Transformer la poussière en matière vive et dans un pot de toutes les couleurs, faire naître dans son dessin, le secret, le tendre, le subtil, le puissant, les retrouvailles intemporelles, enfin renouées dans le destin de toute vie, gravées dans le dessein de sa vie.                                          

                  

                                                                                     Muriel Cayet – Août 2015

Qu’est-ce que l’art ?

 

Cette question, tout artiste se la pose forcément en amont ou en aval de son geste créateur, de ses actes d’individu créatif. Il semble que la réponse soit comme l’art lui-même, multiple, indéfinissable, indéfini, infini; complexe, contradictoire et sans limites. Et cette réponse sera bien entendu différente pour un artiste, ce faiseur d’art, dont la création lui sert à dire sur soi, sur son époque, sur ses rêves, sur l’autre, sur sa relation au monde, sur ses peurs,  et ce sont, cette réalisation, ce positionnement, ces choix  qui deviennent art. L’art a t-il été inventé par les hommes parce que la vie en elle-même, ou telle qu’elle se présentait par essence, organiquement,  ne suffisait pas ? Avait-on besoin de s’inventer une forme de paradis sur terre ? L’homme a-t-il dans ses gênes, dans sa physiologie, dans ses neurones et ses atomes, l’art en présence ? Inné ? Acquis ? Naturel ou culturel ? Qu’est-ce qui a poussé un jour nos ancêtres à créer, à « faire «  de l’art, à faire œuvre, à entrer en création, à rendre visible l’invisible, à dire l’indicible ? Qui  - ou quoi ? - décide qu’une création humaine est une œuvre d’art ?


Des questions que je me pose évidemment en tant qu’artiste. Vivre l’art, c’est mettre en œuvre l’instinct qui pousse à créer, à chercher au cœur de soi et de son âme, le vrai, le juste, le rire, l’approbation, la sérénité, pour ne faire qu’un avec soi. Une équation subtile qui m’entraîne vers un espace ouvert, illimité, l’univers tout entier, une forme d’idéal d’espace et de temps. Etre un artiste, c’est travailler sur l’affirmation d’une personnalité singulière, et prendre pas à pas conscience de la route que l’on doit emprunter, nourrie d’expériences sensibles, sans perdre de vue l’ici et le maintenant. Trouver son point d’ancrage, s’y amarrer solidement, avoir conscience dans chacun de ses gestes, de vivre, d’exister, cheviller ses principes au corps de toute toile et peindre pour vivre, pour être et appréhender tous les instants. Se servir de tous ses sens, de toutes ses émotions, l’œil qui guide et qui choisit, enregistre et transmet comme un allié utile. Il ouvre cette porte magique d’un monde  onirique, où le réel et l’imaginaire ne font qu’un, où tout se rejoint dans un cadre unique : celui du tableau.

Une once de réalisme, celui qui bâtit, qui nous fait croître et tenir debout, non comme des statues, mais comme des coureurs de fond et de sens, à la poursuite d’une idée ou d’un idéal, du natif à l’esthétique. L’expérience artistique, c’est vivre en conscience, celle de nos anciens, nos aïeuls, nos grands ancêtres, c’est accepter leur présence éternelle qui nous donne des ailes pour poursuivre notre rêve d’îles lointaines et continuer leur chemin de sagesse, celui de nos aînés, de nos alliés. Pour sereinement peindre la vie, et un jour, passer le gué.

L’art, en dehors de la production d’œuvres, peut se définir également par sa vocation, ses fonctions :   perçu comme un « davantage de vivre »,  il poétise et enchante la vie, mais aussi il transmet un message, il transcende les émotions, il irradie en dehors de la raison, il éduque la rétine par le sentiment, par les sens, il est mémoire. Je le vis au quotidien comme un vecteur permettant d’accéder à ses rêves, de réaliser les rêves que l’on porte en soi et en les transformant en art, il élève, affirme, ouvre les voies, les possibles, il abat les certitudes. Il ne punit pas, il n’est ni culpabilisant, ni répressif, il ne se veut jamais censeur, mais il est souvent censuré ou réprimé quand il apparaît trop en avance. Parce qu’il est fondateur et novateur, il est toujours en avance…

 L’art est au-delà du terrestre, au-delà du temps, de l’espace. ; peut-être ainsi permet-il à ceux qui peuvent y accéder, de s’éloigner de la peur du futur, de la peur de soi et de l’autre, de la peur de la mort.  L’art, cette pratique humaine, propre à l’homme, qui fait appel à nos sens, à notre vécu, à l’histoire, à l’esthétique, à la philosophie, à la pensée, à l’intellect, à l’intuition, à l’instinct, aux émotions, est espoir ; l’art,  nous accompagne, que l’on soit créatif ou parce qu’on le fréquente en tant que spectateur, que lecteur, que visiteur, qu’ « émerveillé et ré-enchanté » ; aimer l’art, c’est aimer vivre, savoir être, c’est l’art d’être, l’art de vivre, l’art d’être  vivant. L’art est-il naturel ? Notre capacité à créer et à nous émerveiller ne ferait-elle pas partie de notre patrimoine génétique ?

Et acte créateur après acte créateur, je peux sans doute proposer un semblant de réponse : l’art sait mixer les temps,  unir les sentiments aux couleurs,  mêler les différences. Etre un artiste, c’est aussi transformer la poussière en matière vive et dans un pot de toutes les couleurs, faire naître dans son dessin, le secret, le tendre, le subtil, le puissant, les retrouvailles intemporelles, enfin renouées dans le destin de toute vie, gravées dans le dessein de sa vie.  En quête d’équilibre et d’harmonie, d’un style, percer son secret action après action, pensée après pensée,  idée après idée, et accéder à ce rêve crédible et réalisé ; créer. Un geste simple pour accéder à la justesse de l’expression, des images tendres et drôles du passé pour agrémenter le souvenir, une stature posée, campée fermement, une expression sincère travaillée sans fioritures. Une cérébralité sans doute complexe, faite de surgissement de l’inconscient et d’un travail en théories, la nature espiègle et facétieuse transmise par des gènes amusés. Un sens pratique aiguisé, une capacité à dénouer, l’instinct en avant, l’invention comme moteur. Alchimie des idées et des sentiments au service d’une nature vaillante, d’un caractère travailleur.
Tout cela concourt à la composition de scènes pittoresques, faites de mille rencontres, de mille voyages, contenus dans les mille vies au destin aventureux d’un sang qui brûle et flamboie, qui fait battre le cœur solide, vibrer l’âme nette et sobre de vies riches.
Une peinture puissante confectionnée comme on rêve, de bribes et de parcelles, de souvenirs et de réminiscences, de scènes, de sens, d’images et de sentiments. Trouver l’énigme, des indices de sa résolution avec les yeux qui voient, les atomes qui, unis, réunis, cheminent, des bras pour planter, deux cerveaux pour le spiritualisé et le conceptualisé. Gagner le temps, rendre les couleurs et les traits, humains, naviguer au cœur de son histoire. Elle n’est pas faite pour orner cette peinture, pas seulement, mais elle donne des ailes, de la pierre à bâtir, des outils pour cultiver, des champs à voir fleurir.
Et le nez sous la lune, on contemple le spectacle ; celui qui nous permet d’y croire, celui qui nous permet de dire encore mieux ; et c’est sans doute cela, l’art…

 

Muriel Cayet –Février 2016

 

 

 

 

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