Muriel Cayet

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Ajouté le 12 nov. 2016

Poésie au Présent - Muriel CAYET - Poèmes 2016


 

QUE FERIONS-NOUS SANS ESPOIR ?

 

Que ferions-nous sans l’espoir ?

D’un doux safran qui conduit sans y penser vers le bord de la mer,

De galets sur la dune, points de repère, cailloux de Petit Poucet,

D’un arc-en-ciel tel un chandelier, avec une plume qui pointe vers le ciel,

De colonnes en trilogie comme un temple de la Reine.

 

Que ferions-nous sans l’espoir ?

D’une chaise qui invite,  d’une couverture qui protège du froid sur la terrasse,

D’un balcon du repos, s’y asseoir, sans pendule, avec vue sur le bois,

D’une invitation à œuvrer pour couvrir tous les médaillons d’or,

D’un simple signe du cerisier en fleurs pour rejoindre l’île de Molène.

 

Que ferions-nous sans l’espoir ?

D’une ancre en forme d’équerre pour prendre la mesure du fond,

D’une librairie avec ses livres reliés de jade pour y apprendre toutes les langues,

D’un triangle qui sonne et chante d’un simple geste de la main,

De la raison comme règle de trois pour comprendre les épicènes.

 

Que ferions-nous sans l’espoir ?

D’une côte à perte de vue,  d’une vague pour balayer les mots,

De bateaux que l’on compte dans le paysage au soleil d’un matin,

D’outils de mémoire, d’objets de souvenirs, pour bâtir et construire,

D’une source moderne en points de suspension, sans équivoque et sans peine.

***

 

LA CITE DE LA MER

 

La cité de la mer ouvre sur toutes les merveilles

Regard sur l’éternité,  surprises au coin de la rue,

Occultant la raison pure, osant prolonger le sommeil,

Elle joue sa nature, poésie sans désert, en quête d’absolu.

 

L’arbre serein nous accueille en haut de l’escalier,

Des rochers jouent sans lui l’offre et la demande - de repos,

L’esprit libre, les vagues quittent leur source pour le déjeuner,

L’eau vivre, le long des chemins, coiffe le soleil de son chapeau.

 

L’espoir du quotidien en ces lieux, en cette Polynésie,

Le premier soir incertain, on y croit à nouveau,

Le temps ensemble, celui du silence de l’île Tudy,

Un équipement sans argenterie, une photographie jaunie, loin de Landerneau.

 

Sur terre et sur mer, demeure le livre d’heures,

Une bibliographie riche en liens comme une filature,

Un parcours en panorama d’une tour de guet à son élévateur,

L’air du temps, les calendriers, la main et son esprit en aventure.

 

***

 

LA PHOTOGRAPHIE

 

La photographie se préfère en version précieuse,

Les nombres en clair pour dire que le temps est venu,

Soutenir les images du poète sur le pas de la porte venteuse,

Rendre son monde moins effrayant pour rire dans les rues.

 

 

Tu as bonne mine sur la photographie,

Elle dit de se lever, la nuit est nouvelle,

Pour voir de près, la perle bleue, sur le pont, de la pluie,

Place du Trésor, les étoiles se gravent en relief de ciel.

 

Devant moi , la photographie, une scène au cœur de mes mains,

Les étapes sont validées, on tourne la page des bribes d’exil,

Tissées à l’usine du canal, une trame pour demain,

Une palette de quelques mots, les yeux ouverts, en équilibre sur un fil.

***

 

 

L’OBJET

 

L’objet de tous les mots, le jour de la révélation

Niche en trouvailles dans son arbre le plus haut, bien au chaud,

Semblable à l’or dans un coffre oublié au cœur des traditions,

Dans un souffle du soleil, le regard vague perdu sur l’horizon.

 

L’objet de tous les rêves, bouquet d’aubes cycliques, un accueil à soi-même,

Tant de trésors,  d’ombres d’étoiles, une identification,

Dans les rues sans suite, il trouve la porte des champs, la bohème,

Un ruisseau généreux, le ciel en grand, une impulsion.

 

L’objet de tous les temps, chaleureusement calé, régulier en intervalles,

Associe les arbres verts aux chênes géants, poliment, leur tenant la main,

C’est presque le même mot que l’on entend, comme un secret que l’on balaie,

Contre le soleil de la presqu’île, le sommaire d’un nouveau roman - qui paraîtra demain ?

 

***

 

 

LE TEMPS ROMANESQUE

 

Le temps romanesque tire en une traction secrète, un objet bizarre

L’idée d’un voyage, souvenir des années tranquilles

Qui allait au bord de la mer, dans un jardin à l’anglaise, au hasard

Farfelu, sauvage, joyeux, plein d’humour, indocile.

 

Le temps romanesque s’épanouit en herbes folles, en dalles colorées, en mosaïques anciennes,

Un arrosoir danse de Nottingham à Bristol, de l’entresol à l’envol,

Un rossignol joue son théâtre de rue, il en a le monopole, depuis Diogène,

Il sait compter les fumeroles de la jachère, nature en suspense, il connaît les symboles.

 

Le temps romanesque dépose sur l’automne son étole, sa marque du temps,

Tant de livres et dans ces pages les prémices d’un changement

Une chambre à soi, l’âtre de l’autre, l’antre à sa place, en guise de parasol,

Un refrain dévoilé, une plongée sous-marine, fier du gaillard d’avant.

 

Le temps romanesque nous fait revenir sur scène,

Pour jouer pile, le rôle de la sirène dans son unique gestuelle,

Avancer dans la vie, inconditionnelle, l’enfance en son harmonie même,

Et savourer avec emphase, l’unité des cadeaux en kyrielle.

***

 

REMARQUE

 

Remarque, le clan des pinceaux joue tout sur le tapis,

Même s’il ne reste qu’une feuille de chêne, un coupon de Liberty,

Une brume de miel pour ne plus réfléchir le cottage endormi,

La parcelle temporelle d’un cap, d’une dune, ou les rues de Paris.

 

Remarque, la citadelle blanche a donné son adresse à l’horizon,

C’est son grand palais qu’elle achève, tel le roi sa chapelle de l’Ascension,

Les hirondelles sont tenaces, elles reviennent toujours, pimprenelles à l’unisson,

Volant natives en pays de connaissance, loin de toutes les abstractions.

 

Remarque, le bocage converge en courage, la marjolaine s’élève vers le ciel,

Emerveillés d’un vivant essentiel, de la vie en sommeil,

Les visages en porcelaine, gravés à jamais dans le vermeil,

Sous les pinceaux alertes, encouragés, allègrement, essentiels.

 

Muriel CAYET - Poésie au Présent - Novembre 2016

 

 

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