Ajouté le 14 nov. 2016
LE REVE D’UN OISEAU
Le rêve d’un oiseau, c’est de devenir devin,
Avec des bûchettes bien alignées, il veut connaître demain,
S’il sera blanc de silence, ou de toutes les couleurs pour pouvoir chanter,
Ou bien rouge chaud, pour prendre son envol du haut de son grenier.
Humer l’air de Paris en semaine, ou celui d’un dimanche à Provins,
Quand vient le temps de survivre en campagne, il se souvient,
De la camomille et des roses, savourer leur goût, leur parfum,
Pour battre gaiement des ailes, contre la montre, en chemin.
Attendre en chœur la fin de l’hiver pour discourir enfin,
Savourer divinement les graines d’un nouveau matin,
Dissoudre dans l’eau claire du souvenir, le froid, le gel, la faim,
Pour hors du temps, dans l’apothéose des heures, savoir où se cache Merlin !
***
C’EST QUOI, UN SOURIRE ?
Le regard en sourire, illuminé, loin de la norme statique,
Il se bâtit en secret, jamais offert sur un plateau,
Il crée des séquences, un vrai découpage de générique,
Joue tous ses as au dernier pli, sage comme un renouveau.
Sourire n’est pas rire, cela fait cinq cents ans qu’on le traduit,
Cette énigmatique variété d’expressions, non calibrées, toujours franches,
Douces comme le vent dans les blés, ou l’oisillon dans le nid,
Un devenir de Joconde, une invitation à prendre la main, ou se poser sur la branche.
Le regard en sourire n’a pas besoin d’œillères ni de lorgnettes,
Ni d’une pomme rouge pour amadouer les belles,
Il capte les notes irréelles, de l’autre, toute la palette,
De sentiments dévoilés, loin de l’apparat et des grimaces de demoiselles.
Sourire n’est pas rire, certes, alors c’est quoi ?
Une astuce de la physiologie pour voir les traits se calmer,
Poser dans un rictus renouvelé, l’espoir, la tendresse et la joie
Pour jouer la vie, loin des cris, avec un piano aux touches colorées.
***
NOVEMBRE
Novembre ne s’exprime pas en fleurs de gala,
Il reste au foyer, loin du froid des pays sauvages,
Obligé par les pierres à braver le premier gel sur le verger, le verglas,
Pour revenir, chanceux, à la prochaine semaine qui prend de l’âge.
Il choisit sa respiration idéale, sélectionne ses brouillards,
De la douce nature que lui impose sa baie, au calme,
Parle avec liberté des jours lumineux, des amis, de leur histoire,
Pour laisser transi, le temps, et ses dimanches, et les humeurs de la brume, sa dame.
Novembre gagne toutes les batailles, celles des prairies d’avant l’heure de la mer,
Celle des yeux qui lisent au seuil des portes ouvertes,
Celle qui invite les étoiles dans le quartier des ombres, rayonnant comme l’éclair,
Pour combler le monde et ses mystères, en un ressac ultime, la terre entrouverte.
Il sait ouvrir la faille, dessiner l’intuition de l’espoir,
La capitale des ciels l’accueille dans ses maisons,
Les mots imprimés qui voguent vers l’hiver, sans boussole, sans miroir,
Marmonnant que la mémoire est difficile, que douce est la chanson.
Où est allé Novembre, disparu, cette année encore ?
Les pierres du château pleurent son unique tempête,
Demain un soleil pas comme les autres accompagnera de son aurore,
Les voiles blanches en plein ciel, joyeuses organisatrices de la fête.
***
RUBANS
L’île minérale suit des lignes irraisonnées,
Elle accueille tous les voyageurs de son plein gré
Les paysages du jour donnent naissance à d’autres rocs, animés,
Par leur mémoire, ils célèbrent les collines bien arrimées.
Le ruban vert du couchant en aventure,
Noie les villages dans de nouveaux golfes ouverts,
Les vagues s’ébrouent en gouttes, en littérature,
Pour contenir le soleil, ses fêtes de couleurs, balnéaires.
Des pierres à la mer il n’y a qu’un pas,
Que le vieil or franchit à chaque révolution
Le vent et la neige par-delà l’attente, toujours lauréats,
Vois, comme le temps passe, fixe le double horizon.
Le ruban rose nous fait penser à toutes les choses,
Qui veillent avec respect aux printemps, aux nouvelles lunes,
Apostrophant l’océan, et les lacs, les poèmes que l’on compose,
Pour écrire à la mer, dans l’instant, la main nue sur la dune.
***
LA MAIN
La main en silence est bonheur à méditer
Une générosité routière, des pins sur la contrée
Un oiseau captif relâché, un aigle dans la forêt,
Une fois-là, elle se pose et oublie le voyageur,
La fatigue de ses veines ôte la couleur,
Savoir attendre la ville, le royaume de sa candeur.
La main en silence joue stylo, plumes et pinceaux,
Au bout de la route, du verger à la ville d’en haut,
L’été sucre en parfum de rayons d’or, les paréos,
Une fois-là, elle dit « Viens avec moi »
Jouer ou croire, en toute modestie, montrer le temps du doigt
Même si cela ne se fait pas, l’espérance est une merveille, une joie.
La main sait passer le temps et parvient toujours à l’aube,
A transformer les paroles en mots, en choses, les fleurs en jardins, l’unité en globe,
La neige se perd dans le ruisseau, se cache dans sa nouvelle robe.
Une fois-là, elle regarde posément,
Du cheval sur la lande, le toujours lent déplacement,
Et son reflet dans la mare, intensément.
***
Muriel CAYET - Novembre 2016
Le rêve d'un oiseau... c'est de devenir devin !