Ajouté le 19 avr. 2017
ETRE UN ARTISTE
Chercher des documents dans la grande malle des indices
Le faire chez soi, avant l'aujourd’hui de la semaine prochaine,
Jouer du pinceau sur la toile, des arabesques utiles, des résonances candides, des notes qui glissent,
Dans le champ des phénomènes visuels, en amour et sans haine.
Ensuite seulement pour la forme, le magicien sait se taire,
Je vous le dis franchement, il incarne le secret, et s’en moque royalement,
Il a les clés de tous les véhicules, il connaît les voies de chemin de fer,
Ou quelque chose de ce genre, pour faire passer les épreuves, gentiment.
Certain comme du jour et de la nuit,
Il opère en personnage de théâtre, à couvert,
L’essentiel s’en trouve préparé, jamais éconduit,
Il a mille fois raison quand il quitte la scène, en trouvère.
Le plus discrètement possible, on emmagasine les signes
Comprendre des choses simples devient une destinée
Voilà un singulier langage dit le mage, sortant de son mutisme, de sa consigne,
Le talent des artistes est un code, une image, un don du ciel ; incarnés.
L’air le plus tranquille du monde, il cherche, offre son sourire, qui enivre,
Je suis convaincu dit-il au mage, que le secret officie seul, minutieux.
Est-ce vrai ? Un secret porteur de sens est bien agréable à vivre,
Tout à fait romanesque, presque incongru, en tout cas, facétieux !
***
ECRIVAIN
Dans un livre fameux, comme une première fois dans l’histoire,
D’une prodigieuse orientation, invisible au regard, il leur donne à voir,
Les démarches de l’auteur que lui seul connaît d’un jadis précis,
Ensemble dans un recueil terrestre réapproprié, dans un style concis.
Les tableaux ne sont plus les mêmes dans cet acte majeur,
En signe de contestation, ils ont la bonté de faire en sorte, en chœur,
Quand les doutes surviennent, que le secret soit sauvé
Pour donner une nuance à la rouille, un gris à la poussière, une onde à sa personnalité.
Ayant toujours appris les codes par cœur, nié les rêves d’Italie,
Fait fi du principe de toutes les passions, il invente les circonstances des nuits,
Des plus agréables environs sur la route pavée, loin des roches roses,
La ville entière lui sert de théâtre, et chacun de ses actes le compose.
Sur l’assistance, un regard qui circule, un visage qui exprime maintenant
Et quand son projet le satisfait, c’est le bonheur de tous les instants
Interrogeant ses pensées, il croit à chacune de ses paroles, suspendu à quelques pages,
Il reprend ses appels, il voit toujours le ciel plus large.
Enfin il songe à une parole, un fragment de voix claire, un éclairage sur lui-même,
Venant du jardin, un bon cœur, un bel esprit, un sentiment de délicatesse, un mot qui aime,
Il pense enfin, j’ai été heureux, dans cette finesse de la perception,
Et remercie alors celui qu’il est devenu, jouant avec l’idée de filtrer le passé, comme objet d’expérience, de conclusion.
***
INSPIRATION
La singularité de tout cela, l’insolite de la situation, quand on s’attelle à la tâche,
Tant désirée, dans la même langue, imprimant son motif,
Il est surnaturel de se demander pourquoi, dans le déroulé des phénomènes, de ce qu’ils cachent,
Si proches de l’enfance, dans le monde entier, passé et présent sans signes distinctifs.
Ils peuvent être utiles, ces absences de sujet, ces lieux de l’absolu
L’attitude que l’on prend, la nuit comme un rêve, qui constitue l’avenir,
Une chose cependant curieuse à constater, dans ce monde devenu,
Comme on arrive à bord, en allant sur la mer, trop peu de gens accueillent votre sourire.
A l’aube de chaque jour dans un battement d’ailes,
Comme des mots dans une liste prolonge la pensée, on crée le chemin,
Il y a longtemps que les tréfonds de l’âme font leur tour d’horizon ; citadelle
La conviction ultime il y a longtemps qu’elle vient à soi, des lointains.
***
L'ESPRIT DES LIEUX
Il existe des lieux littéraires, à la présence pittoresque, au naturel panoramique,
Collègues de l’azur, à l’inspiration in situ, à l’intuition poétique,
Un Trouville universel, un voyage en vérité, un post-scriptum de la passion,
Le rêve de la mémoire d’un abri en Normandie, d’un calendrier sans omission.
Il existe des lieux azuréens qui associent l’air à la mer
Patients comme l’expérience, auteur de droits de citer à l’envers,
Toujours de bonne compagnie pour célébrer le moment ; une allégorie,
Avancent sur le chemin de chaleur, en douceur, une empreinte à l’infini.
Il existe des lieux de gentillesse, des illuminations dans la nuit
Un royaume du vagabondage sous le sage soleil, toujours d’ici
Une bastide d’histoires à Domme ou à Monpazier,
Ou la mémoire prend des notes, filaments de l’esprit, des clés.
***
EPILOGUE
Notre plus importante expédition, avant de lever les mains au ciel,
Traçant d’un point à l’autre la même inclinaison pour tous, un intermède de vie de bohème,
Les romans laissent toujours percevoir leur pouvoir d’apaisement, trouvant leur paradis naturel,
Sans plus attendre, telle la nature des choses, pour l’instant inchangées, qui s’aiment.
Le jardin des mots est fermé par une grille
Voici nombre de fenêtres jouant dans le tableau leur rôle nécessaire,
Les secrets de l’auteur, de l’artiste, les noms solitaires, sans points ni virgules, en quadrille,
Dans une silencieuse indignation, s’offre un papier noyé d’encre, à la lui propre, sa lumière.
***
Muriel CAYET
Poèmes
Avril 2017