Muriel Cayet

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Ajouté le 4 avr. 2015

Art-thérapeute certifiée - L'art thérapie en mots...


L’Art-thérapeute est un professionnel qui met ses compétences artistiques avérées et ses connaissances des difficultés psychologiques, non pas au service d’un enseignement artistique, mais de l’expression de personnes présentant des difficultés (psychologiques, physiques ou sociales).

L’Art-thérapeute travaille exclusivement sur indication médicale avec des techniques spécifiques à sa spécialisation artistique.

- Recueillir, analyser, hiérarchiser et synthétiser les demandes de prise en charge sur indication médicale.
- Définir et formuler les objectifs spécifiques et généraux du demandeur afin de mettre en place un plan d'action art-thérapeutique en choisissant le type de médiation artistique.
- Faire une proposition technique claire et présenter le processus détaillé de la prestation et formaliser la contractualisation.
- Etablir les règles du fonctionnement des séances, fixer des buts précis à l’intervention et proposer un dispositif modulable.
- Comparer les différentes productions artistiques en dégageant les progrès de l’expression et les points de blocage.
- Proposer des techniques précises de facilitation pour permettre le dépassement des blocages de l’expression créatrice.
- Intégrer ses interventions au sein d’un projet thérapeutique institutionnel.
- Elaborer et mettre en œuvre les indicateurs, les outils et les procédures d'évaluation.
- Organiser les restitutions de l’intervention et dégager un bilan argumenté et cohérent des observations.
- Connaître précisément les démarches de formation professionnelle continue associée à un engagement dans une dynamique de recherche
- Référer une question à un ou plusieurs courants théoriques et à intégrer des connaissances d’autres champs disciplinaires tels que la psychologie et la psychopathologie clinique.
- S’approprier les différents paradigmes de recherche permettant le choix d’une méthodologie pertinente.

Capacités attestées :
- Pratiquer régulièrement d’une ou plusieurs techniques de médiations créatrices
- Mettre en synergie les observations initiales et l’offre art-thérapeutique personnalisée
- Maîtrise des techniques d’écoute active et compréhension des mécanismes psychologiques
- Mettre en cohérence les signaux révélateurs de trouble et les techniques artistiques proposées.
- Evaluer les compétences créatrices du demandeur.
- Capacités rédactionnelles nécessaires à l’établissement d’un contrat art-thérapeutique rédigé à partir d’un modèle-type.
- Définir les variantes à partir des données initiales.
- Utiliser des grilles d’évaluation comprenant des représentations de productions datées mises en lien avec l’évolution psychologique du demandeur. Traitements statistiques et analyses des données.
- Référer ses interventions professionnelles aux lignes-forces du projet institutionnel et du projet thérapeutique.
- Effectuer des recherches de partenaires professionnels à partir de bases de données locales, régionales et nationales.
- Connaissance des démarches de formation professionnelle continue en art-thérapie associée à un engagement dans une dynamique de recherche. Connaissance des différents paradigmes de recherche.

Secteurs d'activité ou types d'emplois accessibles par le détenteur de ce diplôme, ce titre ou ce certificat

Les Art-thérapeutes travaillent dans divers domaines (social, santé, prévention…etc.).
Ils interviennent, le plus souvent, au sein d'une équipe pluridisciplinaire, en collaboration avec des médecins, des enseignants, des travailleurs sociaux, des infirmiers, et ce, sous la responsabilité exclusive d’un médecin-chef de secteur hospitalier ou d’un médecin attaché à un service privé.
Les principaux employeurs sont : les Centres Hospitaliers Universitaires, les Centres Hospitaliers Spécialisés, les Cliniques psychiatriques ou généralistes, les Instituts Médico-pédagogiques, les Instituts Médico-Educatifs, les Maisons à Caractère Sanitaire et Social (MECS), les Maisons d’Accueil Spécialisé(MAS), les Foyers d’Accueil Médicalisé (FAM), les Centres de Rééducation et de Réadaptation Fonctionnels (CRRF), les Centres Spécialisés en Médecine Physique et de Réadaptation. Secteur social: enfance, adolescence, personnes âgées, handicapés Secteur Santé Hôpitaux psychiatriques, CATTP (Centre d’Accueil Thérapeutique à Temps Partiel), hôpitaux de jour Prisons et réinsertion des détenus, Insertion sociale, scolaire et professionnelle - Secteur associatif. Cabinets de groupe paramédicaux.
L’Art-thérapeute peut exercer en libéral, il peut être salarié d'une institution (contractuel ou fonctionnaire), auto-entrepreneur et/ou créer une association Loi 1901.


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L’Art-Thérapie est une approche psychothérapeutique qui met l’accent sur l’expression artistique du patient. C’est à travers cette expression de l’art que les difficultés internes seront exprimées.Il s'agit d'un accompagnement thérapeutique des personnes en difficulté psychologique, physique ou bien sociale, par la réalisation de leur "art" dans quelque domaine que ce soit. A noter qu'il ne faut nullement être artiste pour participer à l'art-thérapie, l'art étant simplement un support à la thérapie.

« L’Art-Thérapie n’exclut pas le langage oral mais offre d’autres voies en rapport avec ce que Michel Ledoux appelle : "Les souvenirs du corps." Il s’agit d’un véritable travail de transformation psychique via le maniement de la matière que j’appelle volontiers en cette circonstance : « L’Amas-Tiers » . C’est bien cette rencontre avec la mise en forme des matériaux vivants qui intervient comme objet médiateur de la relation thérapeutique.Qu’il s’agisse de la matière picturale, de la danse, du chant et de toutes ces activités qui supposent une participation active du corps et de la pensée ; ces objets, ces actes seront considérés comme autant d’objets médiateurs dans la rencontre comme dans la relation aidant-aidé.
Formes, sensations éprouvées deviennent supports à l’échange comme à la mise en représentation des difficultés internes: « L’ Art-Thérapie est utilisée dans tous les domaines qui concernent les difficultés psychologiques qu’elles soient ou non liées à la situation sociale. On peut citer, par exemple : la gérontologie, la psychiatrie, les troubles dépressifs et psychosomatiques…. mais aussi le travail de prévention et plus particulièrement de la violence, car la violence est la conséquence d’un déficit de l’expression. Disons que l’Art-Thérapie doit trouver sa place dans les lieux et au lieu de la souffrance.»

«Qu’il soit peinture, sculpture, poésie ou musique, l’art n’a d’autre objet que d’écarter les symboles pratiquement utiles, les généralités conventionnellement et socialement acceptées, enfin tout ce qui nous masque la réalité, pour nous mettre face à face avec la réalité même . » (Bergson, Le Rire 1899).

Exprimer la conscience, être face à sa réalité, gommer la superficialité, entrer en soi, se révéler à soi, se regarder soi au travers de son œuvre et y voir son esprit, sa conscience, soi, intrinsèquement ; un siècle plus loin, celui qui permettra la réalisation de l’autre à travers une œuvre d’art fera de même, et pensera de même !Grâce à l’étude du récit de vie selon Primo Levi et l’expérience acquise dans les ateliers d’écriture, certains effets positifs de la création littéraire peuvent être dégagés :

- La levée d’inhibition
- La manifestation de résistances inconscientes
- La symbolisation progressive
- Le travail de réécriture
- Le lien entre œuvre créatrice et analyse
- Le travail de visualisation
- Les éprouvés revisités
- La reviviscence de l’événement par les mots.
Aller à la rencontre de soi grâce à ces outils que sont une toile blanche et des couleurs, c’est parcourir un chemin qui mènera non pas du néant, mais de la matière brute, de la diversité de choses désordonnées à l’agencement, à l’arrangement, à la mise en scène, à la mise en œuvre. Nous verrons comment se réalisera l’alchimie qui permettra de faire forme, de composer une œuvre, en toute liberté, en toute quiétude, sans jamais se sentir isolé, mais sans se sentir entravé. Une rencontre avec la matière, en l’occurrence les couleurs, matière que l’on travaille, que l’on étale pour mieux reconstruire, celle qui symbolise, celle qui dit, qui enseigne, qui apprend qui on est, qui permet de comprendre.
La première création passera avant tout par le dépassement de l’effroi, de l’angoisse, celle de la toile, de la feuille blanche, de la masse informe à travailler, à maîtriser pour mieux se l’approprier, lui donner un sens, la rendre porteuse de son histoire. L ’activité créatrice est bien le processus qui apporte une nouveauté à soi-même, mais aussi un étonnement, une surprise, qui transforme en partant d’une expérience globale, soi, la toile et les couleurs.Le but de la rencontre, qu’elle soit duelle ou groupale, dans le cadre de l’atelier, n’est pas – forcément – de créer une œuvre esthétique, mais surtout de toucher la réalité interne de chacun vers une réelle connaissance de soi, un véritable développement personnel, support de changement.
L’œuvre permet de se recentrer sur soi, de trouver un sens, d’en donner, d’accepter d’en voir un, de conférer une identité à l’œuvre ainsi accomplie, aboutie, unie, à cette œuvre qui sera passée de l’amas, de cette chose qui ne veut rien dire, qui ne ressemble à rien, mais qui permet toutes les réalisations et tous les accomplissements, parce que précisément, elle est en devenir.

Partir à l’exploration de soi : c’est ce qu’offre l'atelier en permettant de clarifier la situation, d’appréhender le contenu symbolique et de constater le retentissement de la création sur son existence.

Jean-Pierre Klein dit que « l’art-thérapie qui préconise le débrayage dans l’œuvre,aboutit à des productions dont l’intérêt est justement leur ambiguïté qu’elle respecte, au moins en partie. L’art-thérapie est un masque qu’il en faut pas dévoiler trop précocement et inconsidérément.
[…] Elle réintroduit la spatialité, alors que la personne collait avec sa souffrance et sa pathologie jusqu’à s’y résumer.
Le détour par le support artistique révèle ce que les procédés habituels de la psychothérapie sont parfois impuissants à mettre en évidence. Les productions sont une figuration du mystère car, selon nous, l’art-thérapie ne se déroule pas dans la clarté ( de l’interprétation forcée) qui n’est pas le meilleur chemin vers la lumière. […] La traduction en significations sert de masque à (leur) fascination pour l’art et pour la folie. »
Dans le cadre de cette réflexion, nous allons nous attacher à quelques mots clé énoncés par JP Klein : ambiguïté, spatialité ( ou encore distance) ; détour, figuration du mystère, quatre éléments se rapprochant du masque.
Dans nos sociétés, l’individu vit masqué, masqué le plus souvent à lui-même. Le port de ce masque invisible et neutre, libère de ses expressions, des mimiques signifiantes de sa problématique l’individu qui s’en pare, qui se déguise avec, qui se protège. Mais derrière ce masque, un autre peut tomber, permettant une dynamique d’échanges basés sur la communication entre corps physique et psychique, entre plusieurs intervenants. Porter un masque n’est pas forcément occulter le regard de l’autre, ni se cacher, se dissimuler, mais c’est aussi cultiver le mystère, ne pas révéler immédiatement tous ses atours, oser la distance.
Porter un masque entraîne presque obligatoirement de « tomber le masque ».
Cet accessoire permet de se cacher, de créer une distance mais elle est éphémère, elle ne perdure pas ; le masque doit tomber à un moment ou à un autre.
C’est sa destination secondaire – et sans doute principale- que de tomber. Permettre de se mettre à jour, de révéler, de prendre conscience, d’intégrer.
Quatre phases que le patient va découvrir en art-thérapie.
Sous un masque, on est a priori à l’abri, caché, protégé. Mais ce qui est importe est ce qu’il y a en dessous de ce masque, de ce qui va être révélé par le médiateur choisi par l’art-thérapeute en l’occurrence.
C’est cet arrachage du masque, cette prise de conscience, cette mise en lumière des souffrances qui permettra le rejet, l’expulsion et l’intégration. C’est ce détour qu’évoque JP Klein ( la vérité n’est pas immédiatement accessible, elle est sous le masque ) cette ambiguïté, cette figuration du mystère ( l’art-thérapie n’est pas un test projectif ; le thérapeute ne donne pas de signification de l’œuvre réalisée par le patient), cette spatialité ( la distance prise par le patient avec son œuvre, le rôle du thérapeute, la parole).

En art-thérapie, quelque chose doit tomber, comme le masque, c’est ce qui faisait souffrir, c’est ce que le corps refusait.
Prenons l’exemple d’un dessin ou d’une toute autre production plastique. Sa réalisation va permettre un lien entre ce qui se raconte au moyen du crayon, des couleurs et le patient, ses affects, sa mémoire et sous ce dessin, cette peinture, sous la réalisation de ces œuvres se cache la connaissance de soi, l’aboutissement de ce processus étant bien la prise de conscience, la remontée à la mémoire vive d’un passé enfoui, occulté, « masqué ».
La parole, les larmes vont alors opérer et le patient va expulser, rejeter, ces douleurs ( nous y reviendrons plus loin en évoquant l’art-thérapie et l’ethnopsychiatrie) et inverser le processus, retourner l’énergie.
Cette intégration va permettre une nouvelle orientation.
Autrement dit, la révélation, ce qu’il y a sous le masque, va être confiée à un support, un médiateur, miroir de la situation encore inconsciente.
La mise à distance de la problématique ( la spatialité) s’opérera dans un deuxième temps.
Le retournement, l’inversion, encore appelée transmutation suivra : c’est l’instant magique de la guérison.
La dernière phase étant bien sûr l’intégration, le masque est tombé, le patient se re-connaît.

Le masque, utilisé par l’humain depuis d’ère paléolithique et ce à travers les différentes cultures et les différentes époques, a souvent servit de médiateur avec le monde des dieux et des esprits et donnait à celui qui le portait un pouvoir particulier, lui permettant de transcender son identité quotidienne.
L’art-thérapie permet au patient d’accéder à des sentiments enfouis parce qu’ « elle travaille dans le « mine de rien » en utilisant une stratégie de détour, une ruse qui permet de contourner les résistances au changement » ( JP Klein).

« Le but est de partir, dans le dans le cadre d’un processus créatif, de ses douleurs, de ses violences ; de ses contradictions pour en faire le matériau d’un cheminement personnel. Du pire naît ainsi une construction, une production qui tend vers l’art. » ( JP Klein)

La fonction de l’art-thérapeute consiste à accompagner discrètement le patient, sans jugement, de l’encourage à poursuivre un mouvement, une forme, pousser, avec beaucoup de prudence, comme le souligne JP Klein, vers plus de profondeur, car c’est lorsque la personne lâche prise et quitte la superficialité que la thérapie avance.
On parle de surprises de conscience : «d’un seul coup le sens de leur production s’impose. C’est comme si une évidence longtemps secrète leur sautait aux yeux. » ( JP Klein)

Mais certaines personnes poursuivent leur thérapie sans qu’aucune surprise n’intervienne , et cela ne signifie nullement que la thérapie n’évolue pas. Mais chacun doit toujours pouvoir poursuivre son cheminement à son rythme, sans être brusqué par des révélations qu’il n’est pas prêt à entendre (le rôle du thérapeute doit être d’orienter, de soutenir la réflexion en posant des questions larges). Nous sommes bien ici en présence d’un « masque » : distanciation objective, puis prise de conscience.
Le masque tombe vers et pour une meilleure connaissance de soi, ou une re-connaissance. Le masque fait songer au mystère, à l’étonnement. Et c’est dans le respect du mystère et l’étonnement précisément, qu’apparaîtra une réorganisation des douleurs et des souffrances intérieurs, en se racontant séance après séance.
Tout acte de créativité est aussi un leurre, mais l’art-thérapie permet d’accompagner ce mystère, cette énigme intérieure à travers des œuvres que l’on ne cherchera pas à interpréter immédiatement, mais qui serviront de support, qui se chargeront de sens par la répétition d’un mouvement ou d’une forme.
C’est aussi un moyen de passer de l’état d’objet à celui de sujet.

L’atelier, le cadre de l’art-thérapie, va devenir un lieu entre le patient et le thérapeute. L’atelier, transfert qui permet une demande « masquée » derrière une approche, une technique. Le patient va établir une distance entre lui et son histoire, en racontant une histoire ou en peignant une toile ou encore en dessinant. Des traits, des couleurs, des histoires, de la fiction !
Mais à force de se répéter, la fiction crève les yeux et … le masque tombe !

«Donnez un masque à l’homme, il vous dira la vérité » Oscar Wilde.
Le patient a créé, une œuvre, une danse, une musique, une ébauche, qui ne dure pas, tout comme le masque, éphémère dans sa destination. Ce travail, dont il se séparera, qu’il aura réalisé avec plaisir, va permettre une symbolisation, une redéfinition de son rapport au monde, la création d’une nouvelle mémoire.

L’art du Dr Beuys …

Il est question des œuvres du Dr Beuys et la lecture de ce texte faisant référence à ses œuvres m’a immédiatement plongée dans une réflexion relative à la mise en forme et en place de textes spécifiques écrits dans un but thérapeutique, d’outils à visée thérapeutique donc, , mais j’en parlerai plus loin.
Puisqu’il est question de Beuys, je me suis mise en quête d’informations sur cet artiste et pas seulement artiste.
Joseph BEUYS, peintre allemand, né à Krefeld en 1921 et mort à Düsseldorf en 1986). Selon une légende soigneusement entretenue par l’artiste lui-même sa vie durant, c’est à une expérience traumatique – un accident d’avion survenu en Crimée en 1943, alors qu’il était pilote de la Luftwaffe et un long séjour dans la tribu tatare qui l’a recueilli, que Joseph Beuys doit à la fois le contenu de son engagement artistique – il s’est voulu artiste chaman porteur des vertus cathartiques et thérapeutiques de l’art – et le choix de ses matériaux – le bois, le feutre, la graisse, le soufre, le miel.
Sa philosophie : « chaque homme est un artiste » ( chaque homme est capable d’accomplir la métamorphose sociale que l’art social veut entreprendre puisque chacun est à même de créer, pour que sa métamorphose réussisse chaque homme doit y participer et s’y investir ; ainsi l’homme sera libre car la créativité c’est l’autodétermination et donc la liberté qui permet de prendre conscience de soi et ainsi de s’affirmer pour changer le monde). « L’homme être créatif par excellence doit obligatoirement s’opposer au monde insupportable ». dit –il.

Toute son œuvre s’articule autour d’un thème : l’homme en rupture avec la réalité qui l’entoure et ses réalisations ne sont pas réalistes pui

Créé avec Artmajeur